ISTANBUL, 7 octobre (Reuters) - Une personne est morte et plusieurs dizaines d'autres ont été blessées au cours de manifestations de milliers de Kurdes qui ont protesté mardi dans différentes villes de Turquie contre la non intervention des troupes turques aux côtés des Kurdes de la ville syrienne de Kobani.

La police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les protestataires, qui ont incendié des véhicules et des pneus lors des manifestations, signalées essentiellement dans les provinces à prédominance kurde de l'est et du sud-est de la Turquie. Des heurts ont été signalés également à Istanbul, la plus grande ville du pays.

Un homme de 25 ans a été tué à Varto, dans la province orientale de Mus, et six autres personnes ont été blessées dans de violents heurts entre policiers anti-émeutes et manifestants, ont rapporté des médias turcs. Un couvre-feu a été instauré dans la province frontalière de Mardin à la suite de manifestations.

Les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) ont réussi à s'emparer de plusieurs immeubles d'un quartier situé dans le sud-ouest de Kobani, ville très proche de la frontière turque. Ils ont progressé à tel point que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a estimé mardi que Kobani était sur le point de tomber aux mains de l'EI. Deux drapeaux noirs de l'EI flottent toujours dans la périphérie est de la ville.

Cette dégradation de la situation accroît la pression sur la Turquie pour qu'elle intervienne militairement dans ce conflit.

"C'est un énorme mensonge que de dire que la Turquie ne fait rien concernant Kobani", a déclaré le vice-Premier ministre turc, Yalcin Akdogan, sur Twitter. "La Turquie fait tout ce qu'elle peut sur le plan humanitaire", a-t-il affirmé, allusion au fait qu'elle a accueillie sur son sol plus de 180.000 réfugiés ayant quitté Kobani et passé la frontière depuis le début de l'offensive des djihadistes, voici trois semaines.

Le vice-Premier ministre s'est insurgé en outre contre l'appel à manifester lancé lundi soir par le parti politique turc pro-kurde HDP, accusant cette formation de "faire de la politique de façon irresponsable".

(Humeyra Pamuk; Eric Faye pour le service français)