TUNIS, 29 janvier (Reuters) - Le second tour des élections législatives tunisiennes, dimanche, devrait reproduire le faible taux de participation enregistré lors du premier tour en décembre dernier, les opposants au président Kaïs Saïed y voyant un rejet de l'ultra-présidentialisation du régime par la population.

Le mois dernier, pour le premier tour, seuls 11% des électeurs s'étaient déplacés aux urnes en vue d'élire un nouveau parlement privé de pratiquement tout pouvoir, alors que l'opposition a appelé à boycotter le scrutin.

Selon la commission électorale tunisienne, le taux de participation au second tour s'élevait à 4,7% à 11h heure locale, trois heures après l'ouverture des bureaux de vote. En décembre dernier, la participation s'était élevée à à environ 3% à 10 heures.

Mais l'opposition redoute que les autorités ne gonflent les chiffres de la participation.

"Je ne suis pas intéressé par des élections qui ne me concernent pas", a déclaré Nejib Sahli, 40 ans, en passant devant un bureau de vote dans un quartier de Tunis, peu avant le début du scrutin.

A l'intérieur d'un bureau de vote, un journaliste a passé 20 minutes après l'ouverture du scrutin sans voir un seul électeur.

Kaïs Saïed, un ancien professeur de droit élu en 2019 sous étiquette indépendante, avait présenté le scrutin comme une étape importante de son projet visant à mettre fin au chaos et à la corruption dans le pays.

Le chef de l'Etat, qui gouverne par décrets depuis qu'il a suspendu l'ancien Parlement à l'été 2021, s'est mis à dos toute l'opposition qui lui reproche sa dérive autoritaire après avoir fait adopter l'été dernier une nouvelle Constitution entérinant les quasi pleins pouvoirs du chef de l'Etat.

L'opposition l'accuse de vouloir saper le système démocratique mis en place après le soulèvement de 2011 qui a entraîné la chute du régime autocratique du président Zine el Abidine Ben Ali, point de départ des "printemps arabes".

Dans un bar du quartier d'Ettahrir de Tunis, où sept hommes boivent leur café, seul Mongi Layouni dit qu'il pourrait aller voter.

"Je ne sais pas. J'irai peut-être plus tard", dit-il.

Un autre homme, déclarant se prénommer Imad, estime que son vote ne compte pour rien après les changements opérés par le président tunisien.

"C'est le président seul qui décide de tout", souligne Imad. "Il ne se soucie de personne et nous ne nous soucions pas de lui et de ses élections".

Après la faible participation du premier tour, l'opposition avait appelé Kaïs Saïed à la démission. (Reportage Tarek Amara et Angus McDowall, version française Matthieu Protard)