TUNIS, 31 mai (Reuters) - La justice tunisienne a ouvert une nouvelle enquête visant des responsables politiques de premier plan, parmi lesquels certains des principaux opposants au président Kaïs Saïed, pour conspiration contre la sûreté de l'Etat, a déclaré l'avocate de l'une de ces personnalités.

Cette procédure du pôle antiterroriste s'ajoute à l'arrestation ces derniers mois de figures de l'opposition, qui dénonce la dérive autocratique du chef de l'Etat.

Kaïs Saïed défend des actions légales et nécessaires pour sortir la Tunisie de la crise et accuse ses opposants d'être des criminels, des traîtres et des terroristes.

Dans les vingt personnes mises en cause dans cette nouvelle enquête figurent le dirigeant du parti islamiste Ennahda Rached Ghannouchi, 81 ans, déjà en détention, condamné il y a deux semaines à un an de prison pour incitation à la haine, ainsi que l'ancien Premier ministre Youssef Chahed et l'ancienne directrice de cabinet de Kaïs Saïed Nadia Akacha, a précisé l'avocate Nadia Chouachi.

La liste comprend également un ancien maire d'un arrondissement de Tunis, un ancien officier de l'armée et un journaliste indépendant, a ajouté l'avocate.

Premier ministre entre 2016 et 2020, choisi pour son profil de "technocrate", Youssef Chahed a été l'un des candidats battus par Kaïs Saïed lors de l'élection présidentielle de 2019.

Nadia Akacha a quitté son poste de directrice de cabinet l'an dernier et s'est installée en France.

Kaïs Saïed a suspendu en juillet 2021 les travaux du Parlement et congédié le Premier ministre pour s'octroyer la quasi-totalité des pouvoirs, une initiative qualifiée de coup d'Etat par l'opposition. Une nouvelle Constitution a été adoptée en juillet 2022.

(Reportage Tarek Amara, rédigé par Angus McDowall, version française Jean-Stéphane Brosse)