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ALGER, 24 février (Reuters) - La police algérienne a fait usage dimanche de gaz lacrymogènes à Alger pour disperser des centaines de manifestants qui dénonçaient pour la troisième journée d'affilée la candidature d'Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat présidentiel.

"Le peuple ne veut pas de Bouteflika", ont scandé les manifestants rassemblés à l'initiative du parti d'opposition Mouwatana.

Les premières manifestations de ce genre, vendredi, ont réuni des milliers de personnes dans les rues de la capitale et dans d'autres villes du pays.

Agé de 81 ans, le président sortant, au pouvoir depuis 1999, est officiellement candidat à sa succession lors de l'élection fixée le 18 avril. Victime d'un accident vasculaire cérébral en 2013, il n'apparaît quasiment plus en public.

Ses adversaires estiment que rien ne prouve qu'il est en capacité d'assurer un nouveau mandat et s'inquiètent que l'Algérie soit gouvernée en son nom et dans l'ombre par ses conseillers.

Les autorités soutiennent pour leur part que Bouteflika, malgré la rareté de ses apparitions en public, continue de diriger d'une main ferme les affaires du pays.

Selon un communiqué publié la semaine passée, le chef de l'Etat devait se rendre à Genève pour des examens médicaux dont la nature n'a pas été précisée. Aucune confirmation de son déplacement n'a été diffusée.

Depuis que le FLN l'a choisi pour porter ses couleurs au scrutin d'avril, plusieurs partis, syndicats et organisations patronales ont apporté leur soutien au président sortant.

Bouteflika n'a pas directement répondu aux manifestants. Mais les médias publics ont cité une lettre lue en son nom lors d'une réunion du secteur pétrolier et gazier à Adrar, dans le sud du pays, dans laquelle il indique que "la continuité est la meilleure option pour l'Algérie".

Intervenant samedi soir à la télévision, le dirigeant du FLN, Moad Bouchareb, a pour sa part minimisé l'importance des manifestations de ces derniers jours. "A ceux qui rêvent d'un changement, je dis: 'Faites de beaux rêves'", a-t-il dit.

D'autres partisans de Bouteflika ont rappelé le rôle joué par le président dans la sortie de la guerre civile des années 1990 contre les islamistes armés, qui a fait 200.000 morts. "Souhaitez-vous que l'Algérie retourne à ces années de larmes et de sang ?", a ainsi lancé le chef du puissant syndicat UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd. (Ulf Laessing Henri-Pierre André pour le service français)