par Serge Leger Kokpakpa et Paul-Marin Ngoupana

BANGUI, 1er janvier (Reuters) - Les affrontements entre ex-rebelles musulmans de la Séléka et milices chrétiennes "anti-balaka" ont encore fait trois morts mercredi dans la capitale centrafricaine, a-t-on appris auprès de témoins.

Des membres de la Séléka portant des vêtements civils ont incendié plusieurs maisons à l'aide de grenades dans le Cinquième arrondissement, situé dans le nord de Bangui, ce qui leur a valu les représailles de jeunes chrétiens.

"Les musulmans sont venus et ont mis le feu aux maisons (...) Tout le monde a été affecté", a rapporté Aristide Yenga, un habitant du quartier de Ngou Simon.

"Ce matin, ils ont commencé à tirer et quand on a entendu ça, on est parti vers les grands camps" de déplacés, a-t-il ajouté.

Le corps d'un membre de la Séléka auquel une main avait été coupée gisait au milieu d'une avenue après l'expédition punitive, a constaté un correspondant de Reuters. Selon un riverain, deux autres musulmans ont été tués dans la nuit.

Aucun membre des forces françaises de l'opération Sangaris ou de la Misca, la mission de l'Union africaine, n'a été vue sur les lieux mercredi. Un hélicoptère français a toutefois survolé le quartier.

Le Cinquième arrondissement est habité à la fois par des chrétiens et des musulmans. Des affrontements à l'arme lourde ont eu lieu les deux nuits précédentes dans des zones voisines.

Quinze blessés et deux morts ont été conduits mercredi dans le camp de déplacés de l'aéroport, où 100.000 personnes ont trouvé refuge, rapporte Médecins sans frontières (MSF).

"Parmi les deux morts figurait un adolescent de 12 ans avec une entaille dans le crâne", a précisé Gaetan Adouaka, membre de l'ONG. La veille, un enfant de quatre mois avait succombé à une blessure par balles, toujours selon MSF.

Le conflit, que les forces françaises et africaines ne parviennent pas à enrayer, a fait plus de 800.000 déplacés et les ONG craignent une crise humanitaire de grande ampleur. (Jean-Philippe Lefief pour le service français)