Les rendements des emprunts d’Etat américains se sont brutalement tendus (T-note 10 ans à +2.72%, soit une progression hebdomadaire de 34 points de base !) après que Lael Brainard, membre du conseil des gouverneurs de la Réserve Fédérale, ait indiqué que la banque centrale était prête à ramener le taux d’inflation à sa cible. Ce qui signifie une forte augmentation des taux. Elle a également précisé qu’il fallait réduire la taille du bilan à un rythme soutenu dès la réunion du mois de mai. Ainsi tout indique que l’institution réajustera ses taux de +50 points de base le mois prochain et démarrera une réduction de son bilan de l’ordre de 95 milliards de dollars.

Dans ce contexte de resserrement monétaire, les principaux indices actions américains ont chuté, plombés par les valeurs technologiques particulièrement sensibles aux variations de taux d’intérêt. Le Dow Jones Industrial Average a perdu -0.28%, soit 97 points. Le S&P 500 a baissé de -1.27% et la Nasdaq a plongé de -3.86%. Les petites capitalisations ont subi une correction encore plus marquée (Russell 2000 en recul de -4.62%).

Ailleurs, les indices actions ont affiché des performances un peu plus contrastées. En Europe, le MSCI EMU a lâché -1.31% tandis que le FTSE gagnait +1.75%. Dans l’ensemble, les marché asiatiques sont restés mal orientés. Le Hang Seng et le Shanghai composite abandonnaient -0.76% et -0.94% respectivement, alors que la pandémie de coronavirus semblait s’aggraver dans la deuxième ville chinoise. Au Japon, le Nikkei s’est affaissé de -2.46%. A l’opposé, le Nifty indien a été l’un des rares indices à finir la semaine dans le vert (+0.64%).

La tech victime de la spectaculaire hausse des taux  

Le secteur tech a piqué du nez (-4.03%) après le discours de Lael Brainard et la hausse des taux qui en a résulté. Les biens de consommation discrétionnaire ont été le deuxième secteur le plus sévèrement impacté cette semaine (-3.28%) avec les actions Amazon et Tesla en chute de -5.56% et -5.45% respectivement. Ce début avril a également été éprouvant pour les services de communication (-2.72%), suite au net repli de Google-Alphabet (-4.75%).

En revanche, la santé a brillé (+3.44%) grâce à Pfizer, dont l’action a bondi de +6.98%. Cette soudaine appréciation du titre est consécutive à l’annonce faite par le géant pharmaceutique d’un accord de $525 millions pour acquérir ReViral, une biotech spécialisée dans les traitements antiviraux ciblant le virus respiratoire syncytial. Le secteur de l’énergie a de nouveau retenu l’attention des investisseurs (+3.21%), malgré la baisse des prix du pétrole brut (-1.02% pour le WTI), les stocks de brut américains ayant augmenté de 1.1 million de barils la dernière semaine de mars. A l’inverse, ce fut une semaine mémorable pour le gaz naturel, dont les prix se sont envolés de +10.5% au dessus de $6.3/MMBtu, sur fond d’inquiétudes persistantes sur l’équilibre du marché après les sanctions contre la Russie, et des températures peu clémentes en Amérique du Nord.

Les autres gagnants de la semaine sont à rechercher du côté des secteurs défensifs : biens de consommation de base (+2.73%), services d'utilité publique (+1.91%), et immobilier (+0.76%). Ces trois secteurs continuent à bénéficier d’un bon momentum, en affichant quatre semaines d'affilée dans le vert.

Les marchés obligataires dans le dur

La correction sur les emprunts d’Etat américains s’est répercutée sur l’ensemble des classes obligataires.

Le rendement du bund allemand à 10 ans a ainsi progressé de 15 points de base, de +0.56% à +0.71%. Celui de l’OAT française de même échéance a atteint +1.25%, soit un sommet depuis plus de 7 ans, sur fond d’inflation croissante et de risque politique consécutif à l'élection présidentielle. Les obligations de notations supérieures ont subi des pertes conséquentes (-0.74% en Europe, -2.10% aux États-Unis où la dépréciation depuis le début de l’année s’affiche dorénavant à deux chiffres). Les titres à haut rendement ont glissé de -0.34% en Europe et plongé de -1.44% outre-Atlantique. La dette émergente prend également un coup de bambou (-1.54%), d'autant plus que le billet vert se renforce (indice dollar en hausse de +1.27%), aidé par la fuite vers la qualité, à l’instar du métal jaune (+1.14%, cours spot à $1 947.54 l’once), les acteurs de marché restant inquiets des conséquences de la guerre russo-ukrainienne sur l’économie mondiale.

Enfin, ces premiers jours d’avril ont été difficiles pour les investisseurs en cryptos. Le bitcoin tend maintenant vers les 42 000 dollars (chute hebdomadaire de 8.6%) et l’Ethereum a vu sa valeur fondre de 7.3%.

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