WASHINGTON, 1er août (Reuters) - Les Etats-Unis ne cherchent pas à renverser le régime nord-coréen et souhaitent engager "à un moment ou un autre" un dialogue avec Pyongyang, a déclaré mardi le secrétaire d'Etat, Rex Tillerson.

"Nous n'aspirons pas à un changement de régime, nous n'aspirons pas à un effondrement du régime, nous n'aspirons pas à une réunification accélérée de la péninsule (coréenne), nous ne cherchons pas un prétexte pour envoyer notre armée au nord du 38e parallèle", a dit le chef de la diplomatie américaine à la presse. Le 38e parallèle marque la frontière entre les deux Corées.

"Nous ne sommes pas votre ennemi (...) mais vous constituez une menace inacceptable pour nous, et nous devons y répondre", a poursuivi Tillerson. "Et nous espérons qu'à un moment ou un autre, ils commenceront à le comprendre et nous aimerions nous asseoir et dialoguer avec eux."

Rex Tillerson a toutefois insisté qu'"une condition à ces discussions est qu'il ne peut y avoir de futur dans lequel la Corée du Nord détiendrait des armes nucléaires ou la capacité de lancer ces armes nucléaires sur la région, encore moins sur notre patrie".

La Corée du Nord a procédé vendredi à un nouvel essai de missile intercontinental (ICBM) et dit avoir désormais la capacité de frapper le territoire des Etats-Unis.

Le numéro un nord-coréen, Kim Jong-un, a assisté au tir, vendredi, et a parlé d'un "sérieux avertissement" lancé aux Etats-Unis, qui ne seront pas à l'abri de la destruction s'ils cherchent à attaquer la Corée du Nord, a rapporté l'agence de presse officielle KCNA.

NOUVEL APPEL À LA CHINE

L'affirmation a été partiellement corroborée par les services américains du renseignement, dont deux responsables ont déclaré à Reuters que ce dernier tir expérimental d'ICBM avait montré que Pyongyang était sans doute en mesure d'atteindre la majeure partie des Etats-Unis.

Selon Pyongyang, le missile Hwasong-14 (d'après le mot coréen pour "Mars") a atteint l'altitude de 3.724,9 km et a parcouru 998 km avant de plonger dans les eaux de la mer du Japon.

La communauté américaine du renseignement estime parallèlement que l'objectif poursuivi par Kim Jong-un via ces programmes nucléaires et balistiques n'est pas de lancer une attaque contre les Etats-Unis ou ses alliés, dont il sait bien qu'elle serait suicidaire, mais de se doter d'une "assurance vie" visant à dissuader toute attaque contre la République populaire démocratique de Corée et d'affermir la souveraineté nord-coréenne.

L'administration Trump insiste sur le fait que dans le dossier nord-coréen toutes les options sont sur la table, y compris des options militaires.

Mais le risque de représailles massives de la Corée du Nord sur la Corée du Sud ou le Japon, ou sur les troupes américaines basées dans la région, en cas d'attaque américaine est tel que Washington souligne la nécessité d'une solution diplomatique.

Invité sur NBC, le sénateur républicain Lindsey Graham a assuré que Trump lui avait dit être prêt si nécessaire à entrer en guerre avec la Corée du Nord "si elle continue de tenter de frapper l'Amérique avec un ICBM".

Interrogé sur ses déclarations, la porte-parole de la Maison blanche, Sarah Sanders, s'est contenté de réaffirmer que l'administration gardait "toutes les options sur la table".

Tillerson a réaffirmé pour sa part que la Chine, voisin et allié de la Corée du Nord, devait exercer son influence pour réunir les conditions d'un "dialogue productif" et dit que d'autres options n'étaient "pas particulièrement séduisantes". (Yeganeh Torbati avec Idrees Ali et Phil Stewart; Eric Faye et Henri-Pierre André pour le service français)