(Actualisé avec déclarations)

par William James et Kylie MacLellan

LONDRES, 11 avril (Reuters) - La Première ministre britannique Theresa May est allée s'expliquer jeudi à la Chambre des communes après avoir obtenu la veille un report de six mois de la sortie de son pays de l'Union européenne.

Les Vingt-Sept lui ont laissé jusqu'au 31 octobre pour trouver un compromis avec le Parti travailliste et faire adopter son plan de sortie de l'UE, que les députés ont rejeté trois fois.

"Ce n'est pas dans les habitudes de la vie politique britannique (...) Parvenir à un accord ne sera pas facile car, pour réussir, les deux parties devront faire des compromis", a déclaré Theresa May, qui a entamé la semaine dernière des discussions avec l'opposition travailliste.

"Mais aussi complexe que cela puisse être politiquement, je suis profondément convaincue que dans la situation inédite de blocage de cette assemblée, il incombe aux dirigeants de nos deux groupes de chercher à travailleur ensemble pour mettre en oeuvre ce pour quoi le peuple britannique a voté", a-t-elle dit.

Jeremy Corbyn, chef de file du Parti travailliste, s'est quant à lui réjoui de l'attitude du gouvernement qui semble, selon lui, disposé à faire des compromis.

"Les pourparlers en cours entre l'opposition et le gouvernement sont sérieux, détaillés et se poursuivent, et je me félicite de l'état d'esprit constructif affiché jusqu'à présent", a-t-il déclaré au Parlement.

"Je me réjouis également des indications du gouvernement qui paraît disposé à agir dans les domaines clés qui ont empêché l'accord de la Première ministre d'être soutenu de ce côté de la Chambre."

La Première ministre conservatrice et le dirigeant travailliste se sont brièvement entretenus jeudi après-midi au Parlement et sont convenus de poursuivre les discussions en vue de parvenir à un compromis, a dit un porte-parole du Labour.

Corbyn a toutefois présenté "cette seconde prolongation en l'espace de quinze jours comme un échec diplomatique mais aussi comme une nouvelle preuve de la mauvaise gestion de tout le processus de Brexit par le gouvernement".

Le nouveau sursis accordé par les Européens a suscité par ailleurs l'indignation dans les rangs des "Brexiters", le député conservateur Bill Cash dénonçant une "abjecte capitulation".

"Accepte-t-elle aussi que l'accord de retrait porte atteinte à notre démocratie, aux fondements constitutionnels de l'Irlande du Nord, à notre droit à nous gouverner nous-mêmes, à être maîtres de nos lois et à remettre en cause notre intérêt national ? Ne va-t-elle pas démissionner ?", s'est-il écrié.

"Je pense que vous connaissez la réponse à cette question", lui a-t-elle rétorqué. Rien n'est plus urgent ni plus vital que la sortie de l'UE, a poursuivi Theresa May, ajoutant que le Brexit pourrait avoir lieu avant le 31 octobre si son accord est approuvé avant le 22 mai.

Dans l'immédiat, les parlementaires sont partis jeudi soir en vacances pour les fêtes de Pâques. Les travaux reprendront à Westminster le 23 avril.

LE POINT sur les négociations du Brexit

(Jean-Philippe Lefief et Henri-Pierre André pour le service français)