La hausse de 12 % du dollar depuis le début de l'année a suscité des inquiétudes dans le monde entier, et sera sûrement débattue lors de la réunion des décideurs du G20 les 15 et 16 juillet. D'autant plus s'il atteint la parité avec l'euro pour la première fois en 20 ans.

La politique britannique, les blocages chinois, les résultats des banques américaines et les faucons des banques centrales sont également à surveiller.

Voici votre regard sur la semaine à venir sur les marchés par Dhara Ranasinghe, Tommy Wilkes et Sujata Rao à Londres, Jamie McGeever à Orlando et Kevin Buckland à Tokyo.

1/ DOLLAR, NOUS NOUS INCLINONS DEVANT TOI

La monnaie unique européenne est la dernière victime du dollar. Actuellement à son plus bas niveau depuis 20 ans, autour de 1,014 dollar, elle pourrait bientôt frôler la parité, touchée par le large attrait du dollar comme valeur refuge, mais aussi par la flambée des prix de l'essence qui a attisé les risques de récession dans la zone euro.

Les données de mercredi, qui devraient montrer que l'inflation globale aux États-Unis a augmenté de 8,7 % en glissement annuel en juin, contre 8,6 % en mai, pourraient renforcer les paris sur une nouvelle hausse importante des taux de la Réserve fédérale et faire grimper le dollar.

Les ministres des finances et les banquiers centraux du G20, qui se réunissent les 15 et 16 juillet à Bali, sont à l'affût. Le resserrement des conditions financières a fait chuter les marchés, et avec un dollar aussi fort, une sorte de "guerre des devises inversée" est en cours, les pays préférant des taux de change plus forts pour freiner l'inflation.

2/ AILE(MINSTER) OUEST

La démission du Premier ministre britannique Boris Johnson, rongé par les scandales, signifie que la cinquième plus grande économie du monde est encore plus à la dérive, alors que la livre sterling est à son plus bas niveau depuis deux ans et que les Britanniques subissent la pire compression du coût de la vie depuis des décennies.

Mais si le drame de Westminster domine les écrans de télévision, les marchés sont restés tranquillement à l'écart. Cela pourrait changer une fois que les priorités du nouveau gouvernement seront claires.

Nadhim Zahawi, nommé ministre des finances il y a quelques jours seulement, pourrait revoir certains projets de hausse d'impôts et en réduire d'autres. Mais si le fait de délier les cordons de la bourse peut soutenir la livre sterling, cela pourrait enflammer l'inflation, qui a déjà dépassé les 11 %.

Les chiffres du PIB de mai, mercredi, renforceront probablement la morosité de la croissance, mais ne négligez pas la possibilité que le chaos de Westminster touche les marchés.

3/ sur Wall street

Les banques américaines donnent le coup d'envoi des résultats du deuxième trimestre et cela ne s'annonce pas bien. Oui, les taux d'intérêt plus élevés sont utiles, mais la croissance économique ralentit également.

Ainsi, alors que les estimations de Refinitiv I/B/E/S montrent que les bénéfices globaux du S&P 500 ont augmenté de 6 % en rythme annuel au deuxième trimestre, on s'attend à une baisse de 20 % des bénéfices dans le secteur financier.

Une grande partie de cette baisse est due à la détérioration des perspectives de pertes sur prêts, car les hausses de taux d'intérêt augmentent le risque de défaillance des emprunteurs. Les normes comptables exigent que les banques tiennent compte des perspectives macroéconomiques dans les provisions pour pertes, et donc dans les résultats.

Les revenus des commissions pourraient également stagner, prédit la maison de courtage Wedbush, citant la pression exercée par les prêts hypothécaires et les revenus des marchés des capitaux.

Morgan Stanley et JPMorgan donnent le coup d'envoi des résultats jeudi, suivis de Citi, State Street et Wells Fargo le lendemain.

Dans l'ensemble, les résultats du deuxième trimestre devraient faire la lumière sur les perspectives en matière de marges bénéficiaires, de coûts des intrants et d'embauche. Et soyez attentifs aux propos des patrons d'entreprises sur une éventuelle récession.

4/ COMPTER LE COÛT DU COVID

Quelques semaines après avoir levé un confinement oppressant de deux mois, la Chine se lance dans une course pour contenir un groupe de cas de COVID centré sur un salon de karaoké de Shanghai. Avec l'apparition de nouveaux cas, des tests de masse et de nouvelles restrictions d'activité ont été introduits.

Le coût économique des politiques draconiennes de zéro COVID sera mis en évidence vendredi, lorsque la Chine publiera les chiffres du PIB du deuxième trimestre.

Les économistes affirment que l'objectif officiel de 5,5 % du PIB est hors de portée, mais le président Xi Jinping reste attaché aux politiques de zéro-COVID, préférant les coûts économiques "temporaires" à la mise en danger de vies humaines.

Macao a fermé tous ses casinos pour la première fois en plus de deux ans lundi, faisant chuter les actions des sociétés de jeux, alors que les autorités luttent pour contenir la pire épidémie de coronavirus jamais enregistrée dans le plus grand centre de jeux du monde.

Les investisseurs sont inquiets. Les actions de Shanghai ont interrompu leur série de gains de cinq semaines, tandis que les craintes de croissance ont envoyé le minerai de fer à son plus bas niveau de l'année.

5/ CLUB DES DEMI-POINTS

Lorsque même les colombes des banques centrales comme la Suisse augmentent les taux d'intérêt d'un demi-pour cent, la Banque royale du Canada et la Banque de réserve de Nouvelle-Zélande peuvent difficilement opter pour des mouvements de 25 points de base.

La RBNZ a déjà relevé ses taux cinq fois de suite pour les porter à 2 %. Étant donné qu'elle prévoit un doublement des taux à 4 % au cours de l'année à venir, les analystes estiment qu'elle procédera à un autre mouvement d'un demi-point le 13 juillet.

Le même jour, la Banque du Canada pourrait relever ses taux de 75 points de base pour les porter à 2,25 %, après avoir procédé à deux hausses consécutives de 50 points de base. Il s'agirait de son plus grand mouvement depuis 1998.

Mais surveillez les signes indiquant que les hausses de taux pourraient ralentir. La confiance des entreprises néo-zélandaises se dégrade et les marchés du logement s'affaiblissent. Le Canada, quant à lui, se voit attribuer une probabilité de récession de 35 % pour l'année à venir.