Depuis que la fureur de l'intelligence artificielle a envahi les marchés, Taipei fait face à un afflux de capitaux massif et inhabituel. Désireux de profiter de la vigueur et des perspectives de Taiwan Semiconductor Manufacturing Company, et séduits par la transparence de la place boursière, les investisseurs nationaux et internationaux se ruent sur les ETF du pays : en un an, les montants investis dans ces véhicules ont cru de 77%, pour atteindre 145,8 milliards de dollars en mars 2024. 

Si l'industrie taïwanaise se targue de posséder quelques pépites, telles que les assembleurs électroniques Foxconn et Pegatron, c'est essentiellement TSMC, le spécialiste des puces de 3 nanomètres ou moins, qui tire les indices à la hausse. 

Pesant plus de 52% du FTSE TWSE Taiwan 50 et 48% du MSCI Taiwan à la fin du mois d'avril, le fournisseur d'Apple et de Nvidia fait la pluie et le beau temps sur les performances des indices locaux. Il est à lui seul le maillon principal de la chaîne d'approvisionnement mondiale de l'intelligence artificielle : 92% des semiconducteurs de pointe utilisés aux Etats-Unis proviennent des usines du fondeur taïwanais. 

Il compte à ses côtés une poignée de colistiers évoluant dans le même secteur, tels que MediaTek, Quanta Computer, Delta Electronics, United Microelectronics, Realtek Semiconductor et Wistron Corp, mais dont la force de frappe est sans commune mesure avec le géant. Les entreprises technologiques représentent ainsi 73% de l'indice principal de la place taïwanaise et 77% de son homologue MSCI. Et les acteurs des semi-conducteurs fournissent 60% des besoins mondiaux. 

Cette surpondération n'est pas sans risque. La place est fortement dépendante de la frénésie entourant la bulle IA, dont l'explosion pourrait être extrêmement dommageable, et des exportations liées à cette industrie. L'ensemble de l'économie du pays se situe par ailleurs sous une épée de Damoclès de taille : les tensions géopolitiques avec la Chine voisine, qui lorgne avec envie le petit état insulaire.