* Le fonds Dering peine à boucler le financement-sources

* La consolidation dans les télécoms assombrit les perspectives de revenus de TDF-sources

* Les fonds actionnaires de TDF veulent boucler la vente pour rembourser la dette de TDF-sces

par Sophie Sassard et Claire Ruckin

LONDRES, 17 mars (Reuters) - Télédiffusion de France (TDF) se heurte à des difficultés pour vendre ses actifs français car le fonds Dering Capital, favori pour le rachat, peine à boucler le financement de l'opération, et dans le même temps, la consolidation en cours du marché français des télécoms risque de peser sur les revenus de TDF, a-t-on appris de plusieurs sources proches du dossier.

Cette cession est importante pour les actionnaires financiers de TDF, à savoir TPG, Charterhouse et Ardian, car ces derniers ont besoin de lever de l'argent frais pour rembourser 3,8 milliards d'euros de dettes afin d'éviter d'avoir à négocier avec les créanciers une restructuration coûteuse, expliquent les sources.

Les actionnaires pourraient donc être contraints de revoir à la baisse le prix de vente ou de retarder l'opération, ce qui les obligerait à prolonger les accords conclus avec les créanciers, ajoutent ces sources, qui ont requis l'anonymat.

Dering Capital, fondé en 2011 par Ben Jenkins, un ancien de Blackstone, a engagé des discussions exclusives avec TDF l'an dernier après avoir fait une première proposition supérieure à celle des autres prétendants, à 3,7 milliards d'euros environ pour les actifs français. Charterhouse et Ardian espéraient initialement retirer quatre milliards d'euros de cette cession.

Mais Dering a raté l'échéance fixée à la fin février pour la présentation d'une offre intégralement financée et il peine toujours à boucler son financement, ont dit les sources.

Dering a réussi l'an dernier à s'assurer la partie de l'enveloppe financée par l'endettement mais il peine toujours à trouver les fonds pour financer la partie en fonds propres de l'opération, ce qui l'a conduit à approcher des fonds souverains asiatiques et des hommes d'affaires africains, ont précisé des sources.

Face à cette inconnue et au risque d'une baisse des revenus de TDF en France à l'avenir, ses banques pourraient hésiter à appuyer une offre de 3,6 à 3,7 milliards d'euros, disent certains banquiers.

"Je ne vois pas une banque s'engager définitivement à soutenir par de la dette une activité dont le chiffre d'affaires et le cash-flow sont imprévisibles pour les trois prochaines années", a dit l'une des sources bancaires.

UNE CONSOLIDATION DÉFAVORABLE

Charterhouse et TPG ont refusé de commenter ces informations. TDF, Ardian et Dering Capital n'étaient pas disponibles dans l'immédiat pour un commentaire.

Le dossier risque de se compliquer encore si Numericable rachète SFR, ce dernier étant aujourd'hui l'un des principaux clients de TDF. D'autant que ce rachat pourrait pousser Bouygues Telecom à se rapprocher d'Iliad , la maison mère de Free.

SFR, Bouygues Telecom, Iliad et Orange sont tous clients de TDF et une consolidation du secteur ne manquerait pas de conduire à une rationalisation de leurs réseaux de tours-relais, avec à la clé une baisse des revenus de TDF, qui gère et assure la maintenance de ces équipements.

"Pour une société de tours-relais, le moment où tous ses clients envisagent une fusion est le plus mauvais moment possible pour vendre", résume un banquier connaisseur du secteur.

Certains fonds d'infrastructures et fonds de pensions figurant parmi les candidats malheureux au rachat des actifs français de TDF pourraient revenir à la charge pour tenter de tirer profit des difficultés de Dering, car ces fonds sont généralement moins exigeants en terme de rendement que les fonds de capital-investissement, expliquent certaines sources.

Bpifrance pourrait par ailleurs choisir de conserver sa participation de 24% dans TDF pour faciliter un accord avec Dering, ont dit certaines sources. D'autres pensent que les actionnaires de TDF pourraient suspendre le projet en attendant des jours meilleurs.

"La meilleure chose à faire pour les propriétaires de TDF serait de poser leur stylo et de relancer la vente dans deux ou trois ans, quand le paysage français des télécoms se sera stabilisé", a dit une des sources. (Marc Angrand pour le service français, édité par Matthieu Protard)

Valeurs citées dans l'article : BOUYGUES, VIVENDI, ILIAD, NUMERICABLE, ALTICE, ORANGE SA