(Répétition sans changement d'une dépêche transmise vendredi soir)

* Embellie sur les souverains de la zone euro

* Chute des rendements espagnols et italiens

* Remontée des rendements allemands

* Les entreprises lèvent des fonds à des conditions exceptionnelles

par Raoul Sachs

PARIS, 14 janvier (Reuters) - L'appétit grandissant pour le risque a profité cette semaine aux emprunts des Etats de la zone euro en difficulté, Espagne et Italie en tête, et aux obligations d'entreprise qui, malgré une année 2012 exceptionnelle, continuent de séduire.

L'Italie vendredi et l'Espagne jeudi ont testé avec succès le marché lors d'adjudications qui ont vu leurs coûts de financement se détendre considérablement, confirmant l'accalmie progressive sur les marchés obligataires de la zone euro.

Le rendement du Bonos espagnol à 10 ans est tombé sous 5,0% et s'inscrivait en fin de journée vendredi à 4,9%. Le BTP italien s'établissait au même moment à 4,13%.

A la veille de la contre-offensive de la Banque centrale européenne (BCE) déclenchée le 26 juillet par son président Mario Draghi pour empêcher l'éclatement de la zone euro, ces mêmes rendements à 10 ans avaient atteint des niveaux insoutenables: 7,61% pour l'Espagne et 6,57% pour l'Italie.

Cette embellie sur la dette des pays dits "périphériques" s'est accompagnée d'une tension relative mais réelle des rendements des pays du noyau dur, Allemagne en tête.

Le rendement du Bund 10 ans s'est tendu d'une trentaine de points de base, à 1,59%, depuis le début de l'année. Même chose pour la France dont le rendement de l'OAT à 10 ans s'est tendu de 15 pdb à 2,14%.

"Les taux, comme l'appétit pour le risque, sont sur une pente ascendante", dit Vincent Chaigneau, responsable de la stratégie taux à la Société générale.

Pour les stratégistes taux de Commerzbank, "la crise de la dette (de la zone euro) semble bien partie pour refluer progressivement alors que le 'put' (option de vente) de Draghi marche."

"Les rendements des 'super noyaux durs' vont continuer de grimper et les spreads (écart de rendements) vont converger davantage encore)", écrivent-ils dans une note.

Le succès de l'adjudication de l'Espagne, qui a levé 800 millions d'euros de plus que son objectif maximum (5,0 milliards), a conforté le resserrement des spreads sur le marché du crédit, rapportent de leur côté les stratégistes crédit de Natixis.

"EXTRAORDINAIRE DEBUT D'ANNEE"

"C'est un extraordinaire début d'année pour le crédit", dit Suki Mann, responsable de la stratégie crédit chez SG qui souligne que l'indice IBoxx du crédit corporate au comptant s'est resserré de 10 points de base au cours de la semaine après un resserrement de 200 pdb en 2012.

Le taux moyen (2,4%) des composants de l'IBoxx demeure extrêmement bas malgré la tension sur le Bund et encourage les entreprises à émettre pour améliorer la gestion de leur dette ou préparer les remboursements de titres arrivant à échéance.

Commentant l'activité sur le marché primaire, il cite notamment l'exemple des actionnaires du sidérurgiste ArcelorMittal qui se sont précipités pour soutenir les initiatives de la direction visant à réduire son endettement quand il a lancé jeudi une double émission d'actions nouvelles et d'obligations convertibles.

L'opération a permis au groupe de lever 4,0 milliards de dollars, soit 500 millions de dollars de plus que prévu (voir ).

Les émetteurs des pays périphériques notés dans la catégorie investissement (IG, Investment grade) se présentent à nouveau avec notamment l'espagnol Telefonica qui a émis mardi 1,5 milliard d'euros à 10 ans avec un coupon de 3,875%, le taux actuariel à l'émission étant ressorti à 3,99%. Gas Natural/Fenosa a levé mercredi 600 millions d'euros d'obligations 3,875% 2023.

Parmi les non financières, Veolia a émis jeudi 1,0 milliard d'euros d'obligations subordonnées perpétuelles en offrant un coupon de 4,45%, le taux à l'émission étant ressorti à 4,5%. Dans le cadre de cette opération, Veolia a également 400 millions de livres sterling d'obligations de même nature.

Sinon, comme la semaine précédente, le marché a été dominé par les banques, y compris les banques espagnoles, qui ont émis essentiellement de la dette senior. Les financières ont déjà levé 15,2 milliards d'euros depuis le début de l'année tandis que les non financières ont émis 9,3 milliards d'euros contre respectivement 23,95 milliards d'euros et 19,5 milliards en janvier 2012.

Sur le compartiment spéculatif (high yield, hy), l'allemand Fresenius a été le premier à se présenter jeudi. Noté "Ba1" par Moody's, Fresenius a placé 500 millions d'euros d'obligations à 7,5 ans portant un coupon de 2,875%, le plus bas jamais offert par un émetteur HY sur le marché de l'euro. (Edité par Matthias Blamont)

Valeurs citées dans l'article : VEOLIA ENVIRON., Gas Natural SDG SA, Telefonica SA