par Michelle Nichols

NATIONS UNIES, 15 avril (Reuters) - Le projet de résolution présenté par la Russie pour faire condamner les frappes aériennes conduites en Syrie la nuit précédente par les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne a été rejeté samedi par le Conseil de sécurité réuni à la demande de Moscou.

Seules la Russie, la Chine et la Bolivie ont voté en faveur du texte. Huit pays, dont les trois puissances occidentales engagées dans les frappes, s'y sont opposés et quatre autre se sont abstenus.

Le texte russe entendait "condamner l'agression commise contre la République arabe syrienne par les Etats-Unis et leurs alliés en violation du droit international et de la Charte des Nations unies".

Pour être adopté, il aurait dû recueillir neuf voix en sa faveur et il aurait fallu qu'aucun membre permanent du Conseil de sécurité n'y oppose son veto, condition impossible attendu que la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis disposent de ce droit.

"Pourquoi n'avez-vous pas attendu le résultat de l'enquête que vous avez réclamée ?", a lancé à l'issue du vote l'ambassadeur russe auprès des Nations unies, Vassili Nebenzia, en allusion à la mission des inspecteurs de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).

Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne, a-t-il accusé, ont "démontré un mépris flagrant pour le droit international".

"L'action de la France s'inscrit en pleine conformité avec les objectifs et les valeurs de la Charte des Nations unies", a répliqué son homologue français, François Delattre, rappelant que "la France n'a strictement aucun doute sur la responsabilité du régime d'Assad dans cette attaque" commise le 7 avril dernier à Douma, dans la Ghouta orientale.

PROJET DE RÉSOLUTION DES PUISSANCES OCCIDENTALES

Dénonçant "l'usage systématique de son droit de veto au Conseil de sécurité", il a accusé la Russie d'avoir "trahi l'engagement qu'elle avait pris en 2013 devant ce Conseil de garantir la destruction de l'arsenal chimique syrien".

A l'été 2013, à la suite d'une précédente attaque chimique imputée au régime syrien dans la Ghouta orientale, et alors que Paris, Londres et Washington envisageaient déjà de riposter - avant d'y renoncer -, Moscou avait négocié avec les Etats-Unis un accord pour que les stocks d'armes chimiques de la Syrie soient détruits ou placés sous contrôle international.

"Au moment où il a ordonné l'attaque chimique du 7 avril, le régime syrien savait parfaitement à quoi il s'exposait. Il a, une nouvelle fois, voulu tester le seuil de tolérance de la communauté internationale – et il l'a rencontré", a poursuivi l'ambassadeur de France.

Les trois puissances occidentales travaillent de leur côté à un projet de résolution "sur les volets politique, chimique et humanitaire du dossier syrien, en vue d'établir une solution durable au conflit", a ajouté François Delattre.

Le texte, a précisé le diplomate français, poursuivra quatre objectifs: "1. Démantèlement du programme chimique syrien de manière vérifiable et irréversible. 2. éradication du terrorisme. 3. cessez-le-feu sur l'ensemble du territoire syrien. 4. solution politique durable."

S'adressant au Conseil de sécurité, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé tous les pays "à faire preuve de retenue dans des circonstances dangereux et à s'abstenir de tout acte qui pourrait conduire à une escalade et aggraver les souffrances du peuple syrien".

(Nicolas Delame et Henri-Pierre André pour le service français)