* Le coordinateur du HCN va quitter Genève

* "Nous avons pour seul mandat de parvenir à un gouvernement national élargi", dit le négociateur de Damas

* L'opposition a ajourné sine die sa participation aux négociations

* L'émissaire de l'Onu se donne la semaine avant de faire le point

* Le Kremlin appelle à la poursuite des discussions de Genève (Actualisé, lettre de Jean-Marc Ayrault à Staffan de Mistura)

par John Irish et Suleiman Al-Khalidi

GENEVE/AMMAN, 19 avril (Reuters) - Riad Hidjab, principal coordinateur du Haut Comité des négociations (HCN) mis en place par l'opposition syrienne, a annoncé mardi qu'il allait quitter Genève, estimant qu'il n'y avait plus de trêve en Syrie et qu'il ne pouvait être question de négocier tant que le peuple syrien souffre.

"Nous attendons du Groupe international de soutien à la Syrie qu'il prenne des mesures décisives contre celui qui massacre le peuple syrien", a-t-il dit à la presse, ajoutant que les grandes puissances devaient prendre acte du fait que sur le terrain la trêve est "révolue".

En ce qui concerne le HCN, a-t-il dit, il est désormais absent des négociations, même si quelques techniciens demeurent sur place à Genève pour des réunions.

"Il n'y aura pas de solution tant que le président Bachar al Assad restera au pouvoir; à cet égard, il rêve!", a dit Riad Hidjab, ajoutant que lui-même et d'autres responsables prévoyaient de quitter Genève ce mardi.

Le HCN a déclaré par la suite que sa décision de reporter sine die sa participation aux négociations était renforcée par les dernières frappes aériennes qui marquent une "escalade dangereuse" dans le conflit.

Des raids aériens ont visé mardi deux marchés dans le nord-ouest du pays, faisant une cinquantaine de morts. Les forces gouvernementales soutenues par l'aviation russe ont également mené plusieurs attaques contre les insurgés dans la province de Lattaquié, rapportent l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) et un groupe rebelle.

RAIDS AÉRIENS

Dans la province d'Idlib, où les insurgés sont fortement implantés, une frappe aérienne a visé un marché à Maarat al Nouman, faisant une quarantaine de morts et des dizaines blessés. Dans la ville de Kafr Noubl, les raids ont fait entre sept et dix morts.

Des roquettes tirées par les insurgés ont tué trois enfants dans la ville chiite de Kefraya, fidèle au régime, ajoute l'OSDH.

Un diplomate occidental a déclaré qu'une réunion des grandes puissances était à l'étude pour examiner l'évolution de la situation.

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a écrit à l'émissaire de l'Onu, Staffan de Mistura, pour lui demander de s'assurer de la volonté de toutes les parties, notamment de Damas et de ses alliés, de s'engager dans un processus de règlement politique.

Le chef de la diplomatie française dénonce dans cette lettre les offensives menées par l'armée syrienne, particulièrement dans la région d'Alep, et propose que le mécanisme de contrôle de la trêve entrée en vigueur le 27 février soit renforcé en coordination avec le Conseil de sécurité de l'Onu.

Les perspectives d'un redémarrage des négociations de paix sur la Syrie apparaissent bien compromises, l'opposition parlant depuis lundi d'un ajournement sine die tandis que le régime de Damas exclut catégoriquement d'envisager un départ de Bachar al Assad.

Le processus des négociations s'est retrouvé au bord de la rupture dès lundi, l'opposition annonçant une pause dans les discussions et imputant aux troupes d'Assad les violations de la trêve.

"AJOURNEMENT DES DISCUSSIONS"

Bachar Djaafari, qui dirige la délégation gouvernementale, a dit pour sa part que l'objectif poursuivi par Damas à Genève était de parvenir à un gouvernement élargi sous la présidence d'Assad qui maintiendrait les institutions actuelles du pays.

"A Genève, nous avons pour seul mandat de parvenir à un gouvernement national élargi, c'est notre mandat, c'est l'objectif auquel nous aspirons dans les pourparlers de paix de Genève", a-t-il dit à la chaîne de télévision libanaise Al Mayadine.

"Ce sujet (ndlr, la présidence) ne relève pas de la compétence de Genève, c'est une affaire syro-syrienne, Conseil de sécurité ou non", a-t-il poursuivi, précisant avoir exprimé ces positions à Staffan de Mistura.

Un des négociateurs du HCN, George Sabra, a confirmé mardi matin sur la chaîne Orient TV que l'"ajournement" des discussions était sans limitation dans le temps et que la suite dépendrait de l'évolution de la situation sur le terrain. Il a également fait part des "lourds griefs" de l'opposition à l'égard des Etats-Unis qui, dit-il, cherchent à prolonger les négociations "sans que nous obtenions quoi que ce soit".

A cela, Bachar Djaafari a répliqué mardi que le régime syrien continuerait de négocier à Genève avec d'autres groupes rebelles, en l'absence du HCN. "S'ils veulent boycotter, qu'ils le fassent. Ce n'est pas un gros problème à nos yeux, car ce ne sont pas les seuls représentants de l'opposition syrienne", a-t-il dit. (Avec Stéphanie Nebehay et Tom Perry; Henri-Pierre André, Eric Faye et Guy Kerivel pour le service français)