* L'opération en Syrie réussie militairement

* "Nous avons réussi à diviser les Turcs et les Russes"

* La frappe était indispensable en terme de crédibilité (Actualisé avec autres déclarations, contexte)

PARIS, 15 avril (Reuters) - Emmanuel Macron a déclaré dimanche soir avoir convaincu le président américain Donald Trump de ne pas retirer ses troupes de Syrie et de limiter les frappes, qui ont été menées conjointement par Paris, Londres et Washington dans la nuit de vendredi à samedi, aux "sites chimiques" syriens.

"Il y a dix jours, le président Trump disait 'les Etats-Unis ont vocation à se désengager de la Syrie', nous l'avons convaincu qu'il était nécessaire d'y rester", a dit le chef de l'Etat français dans une interview en direct accordée à BFM TV, RMC et Mediapart. "Nous l'avons convaincu qu'il fallait rester dans la durée".

"Nous l'avons aussi convaincu qu'il fallait limiter ces frappes aux armes chimiques alors qu'il y a eu des emballements médiatiques par voie de tweet", a-t-il ajouté.

Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont mené dans la nuit de vendredi à samedi des frappes coordonnées en Syrie en représailles à l'attaque chimique menée le 7 avril à Douma, dans l'ex-enclave rebelle de la Ghouta orientale, imputée au régime de Bachar al Assad.

Ces frappes constituent la plus importante intervention des puissances occidentales contre le président syrien en plus de sept ans de guerre civile.

"Nous avons réussi l'opération sur le plan militaire puisque l'intégralité des missiles qui ont été tirés ont atteint leurs objectifs et les capacités (du régime-NDLR) de production d'armes chimiques ont été détruites", a estimé Emmanuel Macron.

Les frappes ont été décidées "dès dimanche dernier, soit 48 heures après les premières identifications d’utilisation d’armes chimiques dans la Ghouta orientale".

"(Nous sommes intervenus) de manière légitime dans le cadre multilatéral", a-t-il ajouté face aux critiques émises par la Russie, la Syrie et également certains responsables politiques en France. "Nous étions arrivés à un moment où cette frappe était indispensable pour pouvoir redonner de la crédibilité à la parole de notre communauté" internationale.

CRÉDIBILITÉ ET DIVISION

Concernant la Russie, fidèle alliée et soutien militaire du régime de Bachar al Assad, Emmanuel Macron a déclaré avoir dit à son homologue russe Vladimir Poutine, lors d'un entretien téléphonique vendredi, que la Russie était "complice" en Syrie.

"Bien sûr qu'ils sont complices, ils n'ont pas eux utilisé le chlore mais ils ont construit méthodiquement l'incapacité de la communauté internationale par la voie diplomatique à empêcher l'utilisation d'arme chimique", a-t-il souligné.

Le chef de l'Etat a également confirmé qu'il se rendrait à Saint-Petersbourg fin mai à l'occasion d'un forum économique, dans le cadre de la ligne diplomatique qu'il prône depuis le début de son quinquennat et qui consiste à "parler à tout le monde".

Les frappes menées en Syrie ont permis de regagner de la "crédibilité à l'égard des Russes et de diviser le processus d'Astana", qui réunit l'Iran, la Russie et la Turquie, a estimé Emmanuel Macron.

"Les Russes, lorsque vous définissez les lignes rouges qu'ils viennent les tester et que rien n'est fait pour les faire respecter, leur discours est clair et leur propagande l'est tout autant : 'ces gens de la communauté internationale sont bien gentils, ce sont des faibles, moi j'avance, j'enfreins toutes les règles mais j'avance. Il a compris que ce n'était plus le cas", a-t-il dit.

"Ensuite, par ces frappes, nous avons séparé sur ce sujet les Russes des Turcs", a-t-il également déclaré, au lendemain d'un entretien téléphonique avec le président turc Recep Tayyip Erdogan. "Les Turcs ont condamné les frappes chimiques et ont soutenu l'opération que nous avons menée". (Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)