NATIONS UNIES, 19 avril (Reuters) - Lakhdar Brahimi a réfuté vendredi les rumeurs de démission tout en reconnaissant s'interroger chaque jour sur l'opportunité d'abandonner son poste de médiateur des Nations unies et de la Ligue arabe dans le conflit syrien.

"Je n'ai pas démissionné", a assuré à la presse le diplomate algérien. "Tous les matins au réveil, je pense que je ferai mieux de le faire. Un jour peut-être, je m'y résignerai", a-t-il toutefois ajouté.

Le médiateur, frustré par la passivité de la Ligue arabe et du Conseil de sécurité face à un conflit qui a fait 70.000 morts depuis mars 2011, a également rejeté les informations selon lesquelles il aurait accepté de rester en place trois mois de plus.

D'après des diplomates en poste à l'Onu, Lakhdar Brahimi espérait poursuivre sa mission de médiation au seul titre d'émissaire des Nations unies, sans lien officiel avec la Ligue arabe. Mais le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a fait savoir mercredi qu'il souhaitait qu'il continue à porter une "double casquette".

C'est la décision de la Ligue, prise en mars au Caire, de reconnaître l'opposition syrienne qui a poussé le diplomate algérien à vouloir prendre ses distances avec l'organisation panarabe. Pour Lakhdar Brahimi, cette reconnaissance sape son rôle de médiateur neutre à la fois des Nations unies et de la Ligue.

Depuis plusieurs mois circulent des rumeurs de sa démission en raison également de sa frustration face à l'incapacité des Etats-Unis et de la Russie à surmonter leurs divergences sur le dossier syrien.

Vendredi, le médiateur est intervenu à huis clos devant les quinze membres du Conseil de sécurité pour brosser un sombre tableau de la situation en Syrie.

"Je présente mes excuses au peuple syrien pour avoir accompli si peu de choses en sa faveur ces huit derniers mois", a-t-il déclaré, selon un diplomate. "Je m'excuse auprès des membres du Conseil pour ne leur donner que de mauvaises nouvelles".

Les Quinze ont, pour leur part, adopté une déclaration non-contraignante.

"L'escalade de la violence est complètement inacceptable et doit cesser sur le champ", a estimé le Conseil de sécurité qui a "instamment invité toutes les parties à garantir un accès sûr et sans entrave aux organisations d'aide pour tous ceux qui sont dans le besoin partout en Syrie".

Le Conseil a également "condamné les violations généralisées des droits de l'homme de la part des autorités syriennes ainsi que toutes les atteintes aux droits de l'homme commises par des groupes armés". (Louis Charbonneau et Michelle Nichols; Jean-Loup Fiévet pour le service français)