par Marie Mawad et Leila Abboud

Des experts comptent sur l'expérience politique de cet ancien directeur de cabinet de la ministre de l'Economie Christine Lagarde, pour défendre les intérêts du groupe auprès de l'Etat, son principal actionnaire avec un peu moins de 30%, et auprès du régulateur français des télécoms.

France Télécom doit dévoiler au cours des prochaines semaines son plan d'investissement dans la fibre optique, préciser ses ambitions dans ses activités périphériques et notamment dans les contenus ainsi que sa stratégie visant à préparer l'arrivée du quatrième opérateur mobile français Free Mobile.

Toutefois, c'est essentiellement sur l'aspect réglementaire que Stéphane Richard est attendu.

"La question de savoir si des opérateurs comme France Télécom génèrent ou non des profits dépend totalement des décisions politiques et réglementaires", souligne Robin Bienenstock, analyste chez Bernstein Research.

Le choix d'un modèle multifibres pour le déploiement de la fibre optique en zones très peuplées, l'attribution de la quatrième licence de téléphonie mobile au fournisseur d'accès à internet Iliad, et la perte de l'exclusivité de distribution de l'iPhone d'Apple ont récemment été perçus comme des revers réglementaires pour l'opérateur en France.

"Il y a eu tellement de décisions qui étaient défavorables à France Télécom ces derniers mois que Stéphane Richard arrive à un moment où la balance peut repencher en faveur du groupe", ajoute Stéphane Beyazian, analyste chez Raymond James Euro Equities.

France Télécom a demandé récemment de pouvoir relever le prix du "dégroupage ADSL", c'est-à-dire du tarif auquel il loue une partie de son réseau fixe à ses concurrents, ce qui pourrait représenter jusqu'à 100 millions d'euros de revenus supplémentaires par an pour le groupe si l'Etat validait sa requête.

"Si quelqu'un peut passer un coup de fil à Nicolas Sarkozy ou à Christine Lagarde, ça aide", commente un analyste.

PROBABLE MAINTIEN DES OBJECTIFS

Peu d'experts s'inquiètent d'une remise en cause des atouts défensifs de l'opérateur télécoms, qui reposent essentiellement sur un objectif de cash flow libre de 8 milliards d'euros par an jusqu'en 2011 et sur une politique d'acquisitions prudente.

Certains d'entre eux se montrent toutefois sceptiques sur la capacité du nouveau directeur général, dont l'ascension a été accélérée sur fond d'une grave crise provoquée par une vague de suicides d'employés, à mener les importants chantiers qui l'attendent sur le marché historique de l'opérateur.

"Il n'y a pas de baguette magique. Le marché français est difficile et il devient plus concurrentiel dans le fixe et le mobile. Ça, Stéphane Richard ne peut pas le changer", commente Antoine Pradayrol, analyste chez Exane BNP Paribas.

D'autres analystes soulignent la faible marge de manoeuvre de Stéphane Richard en matière de gestion des coûts et d'emploi, alors que les négociations se poursuivent avec les syndicats français.

La France représentait l'an dernier près de la moitié des ventes du groupe, plus de 50% de son résultat opérationnel et environ deux-tiers de son cash flow libre.

En Bourse, le titre enregistrait en 2009 l'une des pires performances de l'indice Cac 40. Il a cédé environ 5% au cours des 12 derniers mois tandis que l'indice DJ Stoxx des télécoms gagnait 9%.

Il a clôturé mercredi en baisse de 1,15%, à 16,72 euros.

Edité par Jean-Michel Bélot