Grâce à cette acquisition, la plus importante à ce jour menée par le nouveau directeur général de Sony, Kenichiro Yoshida, le groupe japonais va disposer d'un catalogue de plus de deux millions de chansons avec des artistes comme Kanye West, Sam Smith et Sia.

L'opération a pour but de tirer parti de la croissance rapide des services de musique en streaming comme Spotify et Apple Music, qui a permis au secteur de retrouver des couleurs après l'effondrement des ventes de disques.

Elle répond également à l'objectif de Kenichiro Yoshida de stabiliser les flux de revenus d'un groupe désormais recentré sur les contenus dans le divertissement, les jeux vidéos et les capteurs d'images, au détriment de l'électronique grand public, un segment à faible marge.

"Cet investissement dans des contenus liés à la propriété intellectuelle est une étape importante pour notre croissance à long terme", a souligné Kenichiro Yoshida lors d'une conférence de presse.

EMI contrôle actuellement 15% du marché de l'édition musicale, ce qui, combiné à l'actuel pôle ATV de Sony, fera du géant japonais le leader du secteur avec une part de marché de 26%, a déclaré un porte-parole du groupe.

Universal Music Group, filiale du français Vivendi, et Warner Music Group sont les deux autres grands noms de l'édition musicale, sans que leur part de marché ne soit disponible dasn l'immédiat.

Dans le cadre de leur accord, Sony, qui détient déjà 30% d'EMI Music, portera sa part à 90% en rachetant la participation d'environ 60% de Mubadala Investment Company dans la maison de disques.

"L'essor du streaming numérique dope aussi les revenus des redevances de compositeurs, permettant à Sony de tirer profit en tant que gestionnaire des droits d'auteur à la faveur des accords directs signés avec Spotify, Apple Music, Google Play, SoundCloud et YouTube", relève Damian Thong, analyste chez Macquarie.

NOUVELLES PRIORITÉS

Kenichiro Yoshida, qui a pris les rênes de Sony en avril, a déclaré que sa stratégie consistait à assurer une génération de trésorerie stable et à minimiser l'impact des cycles volatils des ventes de consoles de jeux et autres produits électroniques.

Conformément à cette stratégie, Sony n'a fixé aucun objectif de bénéfice d'exploitation pour l'ensemble du groupe à l'issue du nouveau plan d'entreprise sur trois ans présenté mardi.

Sony a déclaré vouloir générer au total un cash flow d'au moins 2.000 milliards de yens (15,3 milliards d'euros) au cours des trois prochaines années, soit 500 milliards de yens de plus que sur les trois dernières années.

Les jeux et capteurs d'images devraient rester les principaux contributeurs aux bénéfices du groupe.

Sony anticipe pour sa division de semi-conducteurs, qui comprend notamment les capteurs d'image, un bénéfice d'exploitation de 160-200 milliards de yens sur l'exercice fiscal annuel clos en mars 2021, contre 100 milliards de yens prévus pour l'exercice en cours.

Le groupe compte pour cela étendre le champ d'application de ses capteurs au-delà des smartphones en visant notamment l'automobile, a indiqué son directeur général.

Le bénéfice d'exploitation de sa division de jeux vidéo et de services en ligne est cependant attendu en baisse à 130 milliards-170 milliards de yens (994 millions-1,3 milliard d'euros) à l'échéance 2021, contre 190 milliards prévus pour l'exercice en cours.

À cette échéance, sa console de jeu PlayStation 4 (PS4) sera pratiquement en fin de cycle.

L'action Sony a fini en repli de 1,97% à la Bourse de Tokyo.

(Makiko Yamazaki et Sam Nussey, Claude Chendjou pour le service français, édité par Véronique Tison)