* L'appel à la coopération des USA laisse Moscou sans réaction

* Quito et WikiLeaks confirment une demande d'asile en Equateur

* Le vol de Snowden vers Cuba doit décoller à 10h05 GMT

par Steve Gutterman

MOSCOU, 23 juin (Reuters) - Le gouvernement américain a invité Moscou à expulser Edward Snowden, l'informaticien à l'origine des révélations sur le programme de cybersurveillance Prism, avant qu'il ne quitte la Russie lundi pour se rendre à Cuba, qui ne devrait être qu'une nouvelle escale.

L'ancien consultant informatique de la National Security Agency (NSA), l'une des principales agences du renseignement américain, est arrivé dimanche à Moscou en provenance de Hong Kong, où il s'était réfugié avant les premières révélations sur ce programme.

Le site WikiLeaks, spécialisé dans la diffusion de données confidentielles et qui l'aide dans ses démarches, a assuré qu'il "se rendait en République d'Equateur via une route sûre". Quito a confirmé avoir reçu une demande d'asile de sa part.

Selon une source proche de la compagnie aérienne russe Aeroflot, Edward Snowden a réservé une place à bord d'un vol à destination de La Havane dont le décollage est prévu à 10h05 GMT. Il se trouverait dans la zone de transit de l'aéroport Cheremetievo de Moscou.

"Nous attendons du gouvernement russe qu'il envisage toutes les options disponibles pour expulser M. Snowden vers les Etats-Unis", a déclaré Caitlin Hayden, porte-parole de la NSA.

Pour toute réaction, le Kremlin a assuré n'avoir aucune information à son sujet. Prié de dire si les autorités russes étaient en contact avec lui, Dmitri Peskov, porte-parole de Vladimir Poutine a répondu: "Nous n'avons pas cette information, nous n'avons pas d'information le concernant."

Le député russe Alexeï Pouchkov, président de la commission des Affaires étrangères de la Douma d'Etat, a quant à lui estimé que rien ne plaidait en faveur de la coopération compte tenu de l'état des relations bilatérales entre Moscou et Washington.

"Nos liens sont dans une phase plutôt compliquée et dans ce contexte, (....), comment les Etats-Unis peuvent-ils s'attendre à de la retenue et à de la compréhension de la part de la Russie", a-t-il ajouté, évoquant notamment la loi Magnitski.

Cette loi promulguée en décembre par Barack Obama interdit la délivrance de visa aux responsables russes soupçonnés d'atteintes au droits de l'homme et ordonne le gel de leurs avoirs aux Etats-Unis.

OBAMA DANS L'EMBARRAS

La Russie pourrait envisager d'accorder l'asile à Edward Snowden s'il en fait la demande, a poursuivi Alexeï Pouchkov, ajoutant toutefois que sa préférence allait plutôt "à d'autres pays comme le Venezuela et l'Equateur".

Le ministre équatorien des Affaires étrangères Ricardo Patino a confirmé la demande d'asile de l'informaticien. "Nous allons prendre une décision sur ce sujet, nous sommes en train d'analyser la situation avec beaucoup de responsabilité", a-t-il déclaré en marge d'une visite au Vietnam. Le chef de la diplomatie doit s'adresser à la presse à 12h00 GMT, selon l'un de ses conseiller.

Quito a déjà accordé l'asile politique au fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, qui est réfugié depuis l'an dernier dans l'ambassade d'Equateur à Londres après le rejet de son appel contre une demande d'extradition vers la Suède, où il est soupçonné de viol.

Snowden, recherché pour espionnage aux Etats-Unis, a reconnu être à l'origine des révélations sur l'existence du très décrié programme Prism, un vaste dispositif de surveillance de données informatiques circulant sur internet, des courriers électroniques par exemple, et de données téléphoniques.

Sa fuite constitue un revers diplomatique pour Barack Obama, qui tente depuis 2009 de se rapprocher de Moscou et depuis plus récemment de Pékin. (Voir )

Outre l'appel en direction de Moscou, les Etats-Unis ont fermement reproché aux autorités hongkongaises et chinoises de l'avoir autorisé à partir.

Dans un communiqué, le département d'Etat a averti les "gouvernements de l'hémisphère occidental" qu'Edward Snowden était recherché pour crime grave et ne devait pas être autorisé à voyager davantage sur les lignes internationales.

L'hémisphère occidental désigne généralement les Amériques et les extrémités occidentales de l'Europe et de l'Afrique.

Les autorités hongkongaises, auxquelles Washington avait demandé l'arrestation d'Edward Snowden en vue de son extradition, ont fait savoir qu'il avait quitté volontairement la région administrative spéciale après y avoir été autorisé.

Selon elles, le dossier transmis par les Etats-Unis n'était pas pleinement conforme aux conditions requises par la loi de Hong Kong pour traiter une requête de mandat d'arrêt provisoire. (avec Nick Macfie et Nishant Kumar à Hong Kong, Andrew Cawthorne à Caracas, Alexei Anishchuk à Moscou et Tabassum Zakaria à Washington; Henri-Pierre André, Jean-Stéphane Brosse et Jean-Philippe Lefief)