Pour les plus rentables et ayant accès à l’endettement, l’essentiel du contrecoup se joue sur les conditions de crédit des banques ainsi que sur l’évolution des taux sur les marchés obligataires. Pour ce profil de société, l’impact se limite au résultat financier et l’ajustement du cash management permet de circonscrire les pertes liées à l’augmentation du coût de la dette.

A noter toutefois que dans ce contexte, les sociétés les plus endettées souffrent d’une décote sur les marchés en raison de leur fragilité. L’obligation de roulement de la dette dans des conditions dégradées ainsi que l’exposition à l’activation de covenant bancaires sont des risques importants pour les investisseurs. Il s’agira désormais de suivre avec attention l’évolution de certains indicateurs financiers tels que la dette nette et le coût de l’endettement.

Le secteur d’activité est également clé dans ces problématiques de financement. Ainsi, une forte baisse des valorisations sur les secteurs technologiques a eu lieu, que ce soit pour les sociétés cotées au NASDAQ (-33% sur 2022) ou pour les Small et Mid Caps. La situation est cependant bien plus périlleuse pour les sociétés en phase de recherche et développement, bien souvent surpondérées dans les secteurs des nouvelles technologies.

Les rois déchus

Après une période faste où les taux d’intérêts négatifs ont repoussé les questions de rentabilité au loin dans la liste de critères des investisseurs, l’année 2022 a signé la fin de l’euphorie avec l’éclatement de bulles dans certains secteurs, comme les Biotech US, avec un recul de l’indice Nasdaq Biotech de -11,7% sur l’année, jusqu’à un recul de 25% en juillet 2022, mais aussi en Europe avec l’indice Next Biotech affichant une sous performance de 16,5% depuis janvier 2022. Celle-ci s’explique en grande partie par le risque de continuité d’activité pesant sur ces sociétés. Avec une visibilité réduite, leur capacité à financer leur croissance, et donc leurs pertes, est essentielle pour leur survie.

Il ne suffit plus de déclarations grandiloquentes pour bénéficier de financements ou pour maintenir le cours de bourse. Les investisseurs attendent du concret, et les valeurs de croissance devront faire leurs preuves de manière accélérée mais également moins coûteuse.

Pièges et opportunités

Dans un environnement dégradé, où les ratios de valorisation ont fortement chuté, ces sociétés peuvent opter pour des solutions de financements extrêmement dilutives pour les investisseurs : OCA, BSA et augmentations de capital sans maintien des DPS en sont des exemples flagrants. Ainsi, nous assistons à une multiplication de ces opérations via OCABSA, dont les effets sont dévastateurs sur les cours. Le résultat est sans appel : sur 69 Sociétés ayant recours à ce type de financement, seules 12 (17%) ont vu leur cours augmenter et pour les 57 autres, une chute moyenne de 72% est constatée (Enquête AMF, Octobre 2022). L’investisseur avisé saura analyser les solutions de financements et leurs impacts capitalistiques.

Au vu de ces éléments, l’investissement sur les Small et Mid Caps requiert une confiance accrue dans la gouvernance et la solidité financière de la société. Il faudra également surveiller avec attention les opérations de Capital Investissement qui auront lieu au cours de ces prochains mois. Ces fonds ont une force de frappe importante, particulièrement suite au recul des valorisations dans certains secteurs. Pour exemple sur le T4 2022, les OPA sur Cast (prime de 25%), Oncodesign (prime de 66%), Albioma (prime de 50%), Coupa Software (prime de 77%) par des fonds de capital investissement (respectivement Bridgepoint, Rothschild, KKR et Thoma Bravo). Ces opportunités tendront à se multiplier en 2023, particulièrement dans les secteurs où les ratios de valorisation ont fortement chuté cette année.