Le projet de loi de finances pour 2013 qui sera présenté vendredi en conseil des ministres visera une trentaine de milliards d'euros d'économies et recettes supplémentaires pour tenir l'objectif de réduction du déficit public à 3% du produit intérieur brut fin 2013 contre 4,5% fin 2012.

Selon les différentes estimations, ce projet comprendrait entre 8,0 et 10 milliards d'euros d'impôts nouveaux pour les ménages, entre 10 et 12 milliards pour les entreprises et 10 milliards d'économies.

"Dans ce contexte, les Télécoms et les Utilities seront impactés", commente Christophe de Failly, responsable de la gestion actions value sur l'Europe chez Amundi.

"Les assureurs le seront également avec le relèvement de l''exit tax' (impôt forfaitaire, NDLR) sur les fonds placés sur la réserve de capitalisation, qui devrait générer 800 millions d'euros de recettes pour l'Etat", ajoute-t-il.

Les mesures envisagées par le gouvernement portent notamment sur la réduction de la déductibilité des intérêts d'emprunt de 100% à 85%, la réduction de la "niche Copé" permettant d'exonérer à plus de 90% les plus-values de cession sur des titres de participation, la hausse des acomptes d'impôt sur les sociétés ou encore la diminution des reports des déficits passés qui permettent aux entreprises d'alléger leur imposition.

DÉLOCALISATIONS

La réduction de la déductibilité des intérêts d'emprunt devrait permettre de rapporter environ 4,0 milliards d'euros, la réduction de la "niche Copé" 2,0 milliards, la hausse des acomptes d'impôt 2,3 milliards et le report des pertes un milliard.

Selon les analystes d'UBS, ces hausses d'impôts devraient diminuer le bénéfice par action des Utilities de 3% à 7%, voire davantage.

De telles mesures pourraient en effet réduire également un peu plus la capacité de dépenses et d'investissement des entreprises dans un contexte de déficit de compétitivité des sociétés françaises et de ralentissement économique.

"Le plus dangereux à l'heure actuelle est la diffusion de l'austérité au niveau des secteurs", a prévenu Ludovic Subran, chef économiste d'Euler Hermes, lors d'une conférence de presse.

"Cette austérité sectorielle, on la voit en France : sur la construction, clairement, il y a une baisse des mises en chantier très inquiétante. Pour 2013, on parle d'une baisse d'à peu près 100.000 logements en termes de construction", explique-t-il.

A l'inverse, l'industrie agroalimentaire et la chimie sont les secteurs qui arrivent à tirer leur épingle du jeu, ces groupes étant plus internationalisés, note Ludovic Subran.

Le manque de visibilité des entreprises à moyen long terme constitue une forte source d'inquiétudes. "Au regard du nombre de collectifs budgétaires sur 2011 et 2012, la crainte est grande de voir un nouvel afflux de collectifs budgétaires pour 2013", note Christophe de Failly.

Autre conséquence, certains groupes pourraient menacer de délocaliser leurs sièges sociaux hors de France. Si les analystes croient peu à la concrétisation de telles menaces, certains soulignent en revanche que des sociétés pourraient en profiter pour accélérer la délocalisation de leur management.

"Afin d'améliorer leur contrôle opérationnel, le top management des entreprises tend à se rapprocher des lieux où la société est la plus active, comme l'a fait Schneider en installant son état-major à Hong Kong. Des délocalisations opportunistes ne peuvent pas être totalement exclues", explique Christophe de Failly.

Avec Blaise Robinson et Jean-Baptiste Vey, édité par Dominique Rodriguez

par Alexandre Boksenbaum-Granier