(Actualisé avec département d'Etat américain §5, 6)

par Christine Kim

SEOUL, 2 janvier (Reuters) - La Corée du Sud a proposé mardi des discussions pour le 9 janvier avec la Corée du Nord, en réponse à l'offre de dialogue formulée la veille par le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.

Le président sud-coréen Moon Jae-in a accepté la main tendue par Kim Jong-un qui a dit envisager une participation d'une délégation de Pyongyang aux Jeux olympiques d'hiver qui se tiendront en février à Pyeongchang, en Corée du Sud.

Le président américain Donald Trump s'est montré plutôt prudent mardi dans sa réaction sur Twitter.

"Rocket man veut maintenant parler à la Corée du Sud pour la première fois. C'est peut-être une bonne nouvelle, peut-être pas. Nous verrons", a déclaré le chef de la Maison blanche en utilisant le surnom qu'il donne habituellement à Kim Jong-un.

Même scepticisme du côté du département d'Etat américain, qui a mis en doute la sincérité de Kim Jong-un, sans toutefois s'opposer à la tenue des discussions.

"Si les deux pays décident qu'ils veulent tenir des discussions, c'est leur choix", a déclaré la porte-parole Heather Nauert. "Kim Jong-un est peut-être en train d'essayer de creuser une division entre nos deux pays", a-t-elle ajouté en référence à l'alliance entre Séoul et Washington.

Un nouvel essai balistique est susceptible d'être en préparation par le régime nord-coréen, a indiqué pour sa part l'ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki Haley, promettant un durcissement des sanctions en cas de tir.

DES ATHLÈTES NORD-CORÉENS AUX JO

Le président sud-coréen Moon Jae-in a demandé aux ministres des Sports et de l'Unification de prendre rapidement des mesures pour permettre la venue d'athlètes nord-coréens.

Il a toutefois ajouté qu'une amélioration des relations intercoréennes passait par une résolution de la question nucléaire en Corée du Nord, alors que Kim Jong-un a prévenu lundi les Etats-Unis qu'il disposait d'un "bouton nucléaire" prêt à être utilisé en cas de menace contre son pays.

"L'amélioration des relations entre la Corée du Nord et du Sud ne peut pas être séparée d'une solution au programme nucléaire nord-coréen, donc le ministère des Affaires étrangères devrait se coordonner étroitement avec nos alliés et la communauté internationale", a commenté Moon Jae-in à l'ouverture d'un conseil des ministres à Séoul.

Le ministre de l'Unification, Cho Myong-gyon, a annoncé un peu plus tard qu'il avait proposé la tenue de discussions avec des responsables nord-coréens mardi prochain dans le village frontalier de Panmunjom. Il a précisé que ces discussions devraient principalement porter sur la participation de la Corée du Nord aux JO d'hiver.

Un porte-parole du Comité international olympique a salué mardi "l'intention mutuelle" des deux Corées d'entamer des discussions sur la participation d'athlètes nord-coréens aux jeux, du 9 au 25 février. L'invitation du CIO à la Corée du Nord reste ouverte, a-t-il ajouté.

"AU PÉRIL DE LEUR VIE"

"Nous sommes impatients de discuter avec franchise des intérêts des deux parties en face à face avec la Corée du Nord", a déclaré Cho Myong-gyon. "Je le répète, le gouvernement est ouvert au dialogue avec la Corée du Nord, quel que soit le lieu, le moment ou la forme", a-t-il dit.

Les discussions intercoréennes, si elles ont lieu, seront les premières depuis une rencontre ministérielle en décembre 2015.

Dans son tweet de mardi, Donald Trump a estimé que les sanctions et "autres pressions" commençaient à avoir "un gros impact" sur la Corée du Nord. "Des soldats sont en train de fuir vers la Corée du Sud au péril de leur vie", affirme le président, en faisant allusion à des défections de militaires nord-coréens fin 2017.

Choi Moon-soon, gouverneur de la province de Gangwon où les JO se tiendront le mois prochain, a proposé que la Corée du Sud envoie des bâtiments de la marine pour convoyer les athlètes et délégués nord-coréens vers Pyeongchang, selon les médias de Séoul.

Choi a rencontré un responsable des sports nord-coréen, Mun Woong, le 18 décembre dernier en marge d'un tournoi de football auquel les deux Corées participaient, précise le journal Dong-A Ilbo.

Si les autorités de Séoul sont favorables à une initiative dont Moon Jae-in a estimé le mois dernier qu'elle garantirait la sécurité de l'événement olympique, elles se montrent en revanche beaucoup plus réservées face à l'offre de dialogue politique de Kim Jong-un.

Interrogée mardi à ce sujet, la porte-parole du ministère sud-coréen de la Défense, Choi Hyun-soo, a répondu que la Corée du Sud attendait toujours une réponse sa propre proposition de dialogue.

"Nous avons proposé en juillet de tenir des discussions militaires et notre offre tient toujours. Nous attendons la réponse de la Corée du Nord", a-t-elle dit lors d'un point de presse. (Avec Jane Chung, Hyonhee Shin, Arshad Mohammed à Washington; Tangi Salaün, Jean-Stéphane Brosse, Danielle Rouquié et Julie Carriat pour le service français)