par Gilles Guillaume

Déjà sensible en novembre, cette poussée du marché s'est encore accentuée ces derniers jours et le groupe Renault estime que les commandes de décembre pourraient dépasser les 300.000 unités tous constructeurs confondus, dont 100.000 pour les seules marques Renault et Dacia.

"On a d'ores et déjà sensiblement franchi les niveaux de 2009, décembre se situe 15-20% au-dessus", observe Guillaume Josselin, directeur marketing France du groupe Renault.

"Et la demande promet de rester exceptionnelle entre les fêtes. On a renforcé nos forces de vente car on s'attend à ce qu'il y ait du monde dans les concessions jusqu'au bout."

Peugeot a de son côté pris l'an dernier le tiers de ses commandes de décembre entre Noël et le jour de l'An, soit en six jours seulement.

"Paradoxalement, il y a un effet d'aubaine encore plus fort cette année", a déclaré Olivier Veyrier, directeur commercial France de la marque Peugeot, en marge des résultats commerciaux de novembre. "Le montant de la prime est deux fois inférieur, mais l'opportunité est plus élevée que l'année dernière."

La prime à la casse, instaurée pour aider le secteur automobile à faire face à la crise violente de la fin 2008, était initialement fixée à 1.000 euros. Elle a été réduite progressivement cette année, à 700 euros au 1er janvier puis à 500 euros au 1er juillet, et disparaîtra à la fin de l'année.

"Entre acheter en décembre 2009 et en janvier 2010, il n'y avait que 300 euros de différence", a expliqué Olivier Veyrier. "Cette année, c'est 500 euros, voire même plus si votre voiture change de bonus écologique."

Les chiffres de la consommation en France au mois de novembre, publiés jeudi, ont une nouvelle fois été dopés par les achats de voitures.

LES CONSTRUCTEURS ENFONCENT LE CLOU

Début novembre, 1,1 million de primes à la casse avaient été versées par l'État, dont 600.000 entre décembre 2008 et décembre 2009 et encore 500.000 depuis le début de cette année. Les ventes à fin novembre ayant représenté un peu plus de deux millions de voitures, on peut estimer que la prime a déjà contribué au quart des immatriculations de 2010.

Les marques automobiles se font fort de rappeler la fin prochaine du dispositif gouvernemental avec des slogans comme "Plus tard, ce sera trop tard" chez Peugeot ou "La prime se casse" pour Fiat.

Tous les groupes ajoutent aussi d'alléchantes promotions qui reviennent à multiplier 4 à 10 fois la prime à la casse encore en vigueur. "Notre volonté n'est pas de se situer dans la surenchère", a indiqué Olivier Veyrier, chez Peugeot. "Mais c'est un marché spécifique et qui disparaîtra à la fin de l'année; il existe, il faut prendre sa part de marché."

Et pour convaincre les automobilistes qui seraient encore indécis, les constructeurs ont sensiblement réduit cette année les délais de livraison. Au cas où une voiture commandée dans les temps serait malgré tout livrée après la date-butoir du 31 mars 2011, Renault garantit même qu'il prendra à sa charge le versement de la prime d'État.

Si toutes les commandes ne se transforment pas forcément en ventes fermes, et bien que les récents épisodes neigeux aient gêné les déplacements des acquéreurs potentiels, la prime est bien partie pour soutenir les immatriculations des premiers mois de 2011, notamment sur les deux plus petits segments A et B: 107 et 207/206+ chez Peugeot, Twingo et Clio/Clio Campus chez Renault, C1 et C3 chez Citroën, Sandero chez Dacia, Polo chez Volkswagen et Panda chez Fiat.

"On reçoit de nombreux appels, les gens téléphonent beaucoup pour se renseigner", observe-t-on chez un distributeur français du constructeur italien. "Reste maintenant à voir s'ils vont concrétiser, mais en ce moment le téléphone sonne souvent."

Edité par Dominique Rodriguez