STRASBOURG, 13 janvier (Reuters) - Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a exhorté mardi les eurodéputés à accepter la création d'une base de données communautaire rassemblant des informations personnelles sur les passagers des compagnies aériennes (PNR).

L'ancien Premier ministre polonais à invité le Parlement à revoir sa position, hostile au projet, dans le contexte révélé par les attaques djihadistes qui ont fait 17 morts en France.

La France a demandé que ce projet, bloqué par les députés européens pour des raisons de protection de la vie privée, soit traité en priorité par les institutions. Le Premier ministre Manuel Valls a annoncé mardi la création d'un PNR français.

"Nous savons que le Parlement prend son rôle très au sérieux lorsqu'il s'agit de défendre les libertés des citoyens mais je vous demande également de nous aider à protéger la sécurité de ceux qui vous ont élus", a-t-il dit dans l'hémicycle.

"Si nous ne parvenons pas à mettre en place un PNR unique européen, nous allons aboutir à 28 PNR, cela nous mettrait face à un patchwork qui menacerait la vie privée des citoyens sans forcément les protéger efficacement", a-t-il ajouté.

La commission des Libertés civiles du Parlement européen a rejeté en avril 2013 par 30 voix contre 25, principalement celles de la gauche et des libéraux, la proposition de création d'un fichier commun présentée deux ans plus tôt par la Commission européenne.

L'assemblée plénière a toutefois décidé de renvoyer le dossier en commission où il se trouve toujours.

Les Etats européens et les Etats-Unis, réunis le 11 janvier à Paris après les attentats djihadistes en France, ont évoqué la nécessité de créer un ficher PNR en Europe comme il en existe un aux Etats Unis, selon le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.

Les eurodéputés n'ont guère semblé réceptifs à l'appel des Etats.

"Légiférer dans des périodes très émotionnelles est dangereux", a répondu, au nom du groupe des Socialistes et démocrates, l'Espagnol Enrique Guerrero Salom.

"Nous avons besoin d'une directive sur la protection des données personnelles avant de nous lancer dans le PNR", a ajouté l'ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt, président du groupe des Libéraux et démocrates.

Marine Le Pen a également précisé sa position, hostile au PNR, lors d'une conférence de presse.

"Nous refusons tout abandon de souveraineté. Nous refusons que quiconque décide à notre place. Nous devons pouvoir décider qui entre et qui sort à travers nos frontières", a expliqué la présidente du Front national. (Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse)