PARIS, 6 avril (Reuters) - Vivendi a préféré céder sa filiale de téléphonie SFR au câblo-opérateur Numericable parce que l'offre de Bouygues était "intenable au plan de la concurrence", a déclaré Jean-René Fourtou, le président du conseil de surveillance du groupe.

Dans une interview à paraître lundi dans Les Echos, il confirme d'autre part que, avec SFR, Vivendi a achevé son programme de cessions et que le groupe, qui disposera d'une trésorerie de cinq milliards d'euros, en rendra tout ou partie à ses actionnaires sous forme d'un dividende exceptionnel ou de rachats d'actions.

"Nous préciserons nos intentions sur ce point à l'occasion de la publication des résolutions de l'assemblée générale du 24 juin", dit-il.

Selon Jean-René Fourtou, c'est le critère de la "faisabilité" qui l'a emporté pour le choix entre les offres de Numericable et Bouygues sur SFR. (voir )

"Un rapprochement avec Bouygues aurait créé un groupe avec 47% de part de marché en valeur dans le mobile, ce qui était intenable au plan de la concurrence", a-t-il estimé.

"La proposition de Bouygues de vendre son réseau mobile et des fréquences à Free allait dans le bon sens, mais il aurait probablement fallu aussi céder des clients", avec pour conséquence que, en cas de mariage Bouygues Telecom-SFR, "on se serait retrouvé avec une société en décroissance face à un concurrent surarmé, Free".

Si Bouygues "avait proposé 15 milliards d'euros en cash en nous assurant que tous les risques concurrentiels étaient pris à sa charge, il aurait eu de sérieuses chances. Mais ce n'était pas le cas", poursuit-il.

Le président de Vivendi a également jugé que son impact social était "aussi l'une des faiblesses du projet Bouygues, qui "comportait de très importantes synergies mais avec beaucoup de doublons au niveau des effectifs".

"Il y aurait eu 4.000 à 6.000 personnes en trop, sans compter les sous-traitants. La situation aurait été difficile à gérer, alors même que Bouygues s'était engagé à ne pas licencier pendant trois ans", dit-il encore. (Yann Le Guernigou, édité par Tangi Salaün)

Valeurs citées dans l'article : BOUYGUES, VIVENDI, NUMERICABLE, ALTICE