par Tim Hepher

SINGAPOUR, 4 février (Reuters) - La reprise du commerce international relance des avions dont le nom était jadis synonyme de transport de passagers sur de longues distances mais qui dépendent à présent essentiellement du fret pour leur survie.

A deux jours de l'ouverture du salon de l'aéronautique de Singapour, United Parcel Service (UPS), deuxième transporteur mondial de fret aérien, a passé commande de 14 747-8 cargo à Boeing, apaisant quelque peu ceux qui s'interrogeaient sur l'avenir de cet avion.

Cette commande illustre un retournement de ce segment du transport aérien par rapport à la situation prévalant encore voici un an, lorsque une demi-douzaine de 747-8 n'avaient pas trouvé preneur, grevant ainsi le bilan de l'avionneur américain.

Le marché du fret aérien réagit à une meilleure confiance du consommateur après des années d'instabilité et d'une croissance qui était au mieux médiocre.

2017 a été la meilleure année pour ce marché depuis 2010, avec une croissance du trafic qui a plus que doublé à 9%, soit le triple de celle des capacités, selon l'Association internationale du transport aérien (Iata).

Même si Boeing propose une version de 467 sièges passagers du 747-8 modernisé, l'avenir de l'appareil est étroitement lié au fret.

Pour faire de l'argent, un avion cargo doit remplir sa soute à 80%, un pari risqué lorsque la conjoncture économique est incertaine, ce qui pousse les transporteurs à privilégier des avions moins vastes.

Mais en assurant la survie du 747, Boeing s'épargne les charges et les licenciements liés à un arrêt de production ou encore le casse-tête qui serait de transférer sa quote-part des frais généraux sur des programmes plus récents tels que le 787 Dreamliner.

Le fret aérien constitue l'un des indicateurs économiques, à l'instar par exemple des livraisons de matériels électroniques, contribuant à dégager des perspectives positives pour le commerce international, selon Peter Morris, économiste de Flight Ascend.

Autre bon point, fait valoir Rob Stallard, analyste de Vertical Research Partners, les nouveaux 747-8 sont là pour assurer de la croissance et non pas pour remplacer des avions dont UPS voudrait se débarrasser.

Boeing espère que cette bonne phase soutiendra également la demande pour son 767, un appareil moyen-courrier dont l'affectation au transport de passagers n'est plus de mise mais qui peut s'assurer une seconde vie comme avion cargo ou encore comme futur tanker de l'U.S. Air Force.

Dans la mesure où Boeing s'emploie à produire plus de 767 pour honorer une grosse commande de FedEx, le leader mondial du transport de fret aérien, il fait tout son possible pour entretenir cette dynamique et priver le nouvel Airbus A330 cargo d'un marché avec, par exemple, UPS.

UPS a précisé que sa commande de 6,2 milliards de dollars comportait quatre B767.

Même les petits avions tels que le turbopropulsé franco-italien ATR bénéficient de cette nouvelle ère, FedEx ayant récemment commandé une nouvelle version cargo.

Dans la mesure où la performance de l'an passé s'est appuyée aussi sur une reconstitution des stocks, il sera difficile de maintenir le même rythme de croissance, préviennent les économistes.

Mais l'Iata met en avant un nouvel "optimisme" pour le fret aérien et pense que la croissance de 4,5% projetée cette année sera encore suffisante pour mettre les capacités sous tension.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français)