* Discussions "2+2" entre les Etats-Unis et la Russie vendredi

* Les deux veulent relancer la conférence de paix "Genève 2"

* Aucune date ferme fixée pour la tenue de la conférence (Bilan des rencontres "deux plus deux")

par Paul Eckert et Susan Cornwell

WASHINGTON, 10 août (Reuters) - Les Etats-Unis et la Russie se sont mis d'accord vendredi au niveau de leurs ministres sur la nécessité d'organiser rapidement la conférence de paix sur la Syrie à Genève, sans pour autant préciser comment ils comptaient amener les belligérants à la table des négociations.

Après cinq heures de réunion à Washington entre les ministres russes et américains de la Défense et des Affaires étrangères, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a déclaré à la presse que les Russes et Américains se réuniraient à nouveau à la fin du mois sur le dossier syrien.

Il a déclaré que l'essentiel de sa réunion avec son homologue américain John Kerry avait été consacré à la Syrie et que les deux hommes s'étaient mis d'accord pour convoquer la conférence dite de Genève 2 "dès que possible".

Alors qu'on lui demandait si cette conférence aurait vraiment lieu un jour, Sergueï Lavrov a répondu que la Russie avait déjà obtenu le consentement de son allié le gouvernement syrien d'envoyer une délégation à Genève sans aucune condition préalable.

Il a ajouté que John Kerry lui avait promis qu'il ferait en sorte de persuader l'opposition de se rendre à Genève également sans condition préalable.

Le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel et son homologue russe Sergueï Choigou ont également participé à ces discussions dites "2+2", les premières à ce niveau depuis 2008.

Un responsable américain chargé d'informer la presse après les discussions a précisé que Washington travaillait de près avec l'opposition syrienne mais que la balle était dans le camp de Damas.

"Le test n'est pas de voir si le gouvernement syrien viendra à Genève", a déclaré le responsable américain. "Le test est de savoir si le gouvernement syrien viendra à Genève prêt à négocier la transmission des pleins pouvoirs exécutifs à un organisme gouvernemental de transition."

DIVERGENCES

Sur le cas du consultant des services secrets américains Edward Snowden et sur d'autres dossiers de ces discussions à "2+2", Sergueï Lavrov et John Kerry ont reconnu leurs divergences.

Moscou et Washington essaient d'organiser - pour l'instant sans succès - une conférence de paix internationale depuis le mois de mai pour mettre fin aux violences en Syrie qui ont fait 100.000 morts depuis 2011.

L'association Oxfam America s'est dit "prudemment optimiste" au sujet des déclarations de Sergueï Lavrov.

"Nous avons vu des promesses du même genre arriver et disparaître sans action notable", a déclaré Shannon Scribner, responsable de la politique humanitaire d'Oxfam, en soulignant qu'il n'y avait toujours pas de date ferme ni de plan.

"Les appels à la paix doivent être étayés par l'action et l'engagement", a-t-elle dit dans un communiqué émis de Boston.

Prévue une première fois en mai, Genève 2 a été ensuite repoussée à juin, en partie parce que les rebelles n'arrivaient pas à s'entendre sur les personnalités qui allaient les représenter. Ensuite, le médiateur conjoint de la Ligue arabe et des Nations unies Lakhdar Brahimi a exclu une conférence de paix avant août.

Le but de Genève 2 était de relancer un plan adopté l'an dernier à Genève. A l'époque, Washington et Moscou s'étaient mis d'accord sur la nécessité d'un gouvernement syrien de transition mais avaient laissé en suspens la question de savoir si le président syrien Bachar al Assad devait participer au processus.

Les Etats-unis et les rebelles syriens estiment que Bachar al Assad et sa famille ne doivent pas participer au gouvernement de transition. La Russie estime qu'il ne doit pas y avoir de conditions préalables aux discussions. (Avec David Alexander; Danielle Rouquié pour le service français)