Londres (awp/afp) - Le chômage est reparti à la baisse au Royaume-Uni à fin juillet dans un marché toujours tendu et marqué par une hausse de l'inactivité des travailleurs, tandis que les salaires continuent d'être rongés par l'inflation.

Le taux de chômage est descendu à 3,6% pour les trois mois achevés fin juillet, après avoir stagné depuis fin avril à 3,8%, et reste à son plus bas niveau en près de 50 ans.

Ce recul s'explique en grande partie par une nouvelle augmentation du nombre de Britanniques sortis du marché du travail depuis la pandémie, un phénomène qui ne s'est pas résorbé Outre-Manche, contrairement à l'UE ou aux Etats-Unis.

Il y a au total plus de 640.000 personnes de moins sur le marché du travail depuis le début de la crise du Covid-19.

La hausse est due notamment aux personnes inactives en raison de leurs études ou souffrant de maladies longues durées, alors que les listes d'attente à rallonge dans le système de santé public, le NHS, sous-financé depuis des années, sont régulièrement pointées du doigt.

Le nombre d'emplois non pourvus, qui est depuis des mois à des niveaux records dans le pays, traduisant les grosses difficultés de recrutement, a légèrement baissé en juillet, à 1,3 million, pour le deuxième mois d'affilée, mais reste à des niveaux historiquement élevés, précise l'ONS.

Ces difficultés de recrutement pour les entreprises se traduisent par des hausses des rémunérations brutes, parfois réclamées par le biais de mouvements sociaux qui se sont multipliés depuis cet été.

Pour autant, face à une inflation à plus de 10%, les salaires réels, c'est-à-dire ajustés après les hausses de prix, ont reculé de 2,8%, hors bonus, sur la période - une baisse à toutefois moins rapide qu'en juin, où ils avaient dévissé de 3%.

"Alors que les entreprises font de leur mieux pour se maintenir à flot avec des coûts qui flambent, elles sont aussi confrontées à un marché du travail extrêmement tendu, ce qui a un impact supplémentaire sur leur capacité à investir et se développer", alerte Jane Gratton, des Chambres de commerce britanniques.

"Les pénuries de main-d'oeuvre ont atteint des niveaux critiques pour les entreprises de nombreux secteurs et régions", ajoute la responsable.

Selon l'économiste de KPMG Yael Selfin, les données suggèrent pourtant que la disponibilité du personnel est maintenant revenue à la moyenne d'avant Covid.

Cela pourrait signifier une baisse d'emplois non pourvus dans les prochains mois, mais "des tendances structurelles à plus long terme, comme le ralentissement de la croissance démographique, pèseront probablement sur l'offre de main-d'oeuvre", selon elle.

"Une baisse du chômage est une bonne nouvelle" mais elle n'est tirée que "par une modeste hausse" du nombre d'employés, relève de son côté Martin Beck, économiste de EY Item Club, pour qui "la faiblesse de l'économie commence à avoir un effet négatif sur le marché du travail".

Le produit intérieur brut britannique (PIB) a connu en juillet un petit rebond, mais le répit qui risque d'être de courte durée face à la récession qui menace, alors que les budgets des ménages comme des entreprises sont sous pression, notamment de l'envolée des prix de l'énergie.

La nouvelle Première ministre britannique Liz Truss a annoncé jeudi un gel des prix de l'énergie de deux ans pour les particuliers et de six mois pour les entreprises ou les institutions publiques, pour tenter d'enrayer cette flambée des coûts.

afp/lk