Londres (awp/afp) - Le taux de chômage est légèrement remonté au Royaume-Uni lors des trois mois achevés fin avril mais reste au plus bas depuis près de 50 ans tandis que les hausses de salaires ont été balayées par l'envolée des prix.

Les offres d'emploi restent par ailleurs à un record - elles avaient pour la première fois dépassé fin mars le nombre de chômeurs - signe que le ralentissement de l'économie britannique sous l'effet d'une inflation galopante n'a pas encore refroidi le marché du travail.

Selon le rapport mensuel sur l'emploi de l'Office national des statistiques (ONS), publié mardi, le taux de chômage est remonté à 3,8% pour les trois mois terminés fin avril, après 3,7% affiché fin mars.

Cette petite hausse est essentiellement due à une baisse notable du nombre de personnes inactives, "largement tirée par une réduction du nombre d'étudiants et une hausse du nombre de travailleurs", explique Paul Dales, de Capital Economics.

Le taux d'activité poursuit ainsi sa progression mais reste sous ses niveaux pré-Covid - nombre de Britanniques avaient quitté le marché du travail avec la pandémie - indique l'institut de la statistique, qui décrit un tableau du marché de l'emploi toujours contrasté.

Surtout, alors que l'inflation flambe dans le pays, les salaires (hors bonus) des britanniques en termes réels, c'est à dire ajustés après les hausses de prix, "chutent à leur rythme le plus rapide depuis plus d'une décennie", indique Sam Beckett, de l'ONS, sur Twitter.

S'ils grimpent de 4,2% sur le papier, les salaires fondent ainsi de 2,2% une fois prise en compte la morsure de l'inflation, une situation qui touche plus durement les salaires de la fonction publique.

L'institut statistique avait annoncé lundi une baisse du Produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni en avril pour le deuxième mois consécutif, entreprises et ménages continuant de subir la flambée des prix de l'énergie.

"L'économie est peut-être en train de décrocher, mais le marché du travail reste en tension, en grande partie grâce au grand nombre de personnes qui ont quitté le marché du travail pendant la pandémie", estime Laith Khalaf, analyste de AJ Bell.

Risque de "récession généralisée"

Mais pour les entreprises britanniques, ce marché du travail tendu se traduit par d'énormes difficultés à recruter, particulièrement criantes dans le secteur aérien.

Compagnies et aéroports peinent à absorber le redécollage de la demande après les restrictions sanitaires et voient ainsi se multiplier annulations de vols et files d'attentes interminables dans les terminaux.

Un handicap supplémentaire pour les entreprises, selon le principal syndicat patronal britannique (CBI), qui s'alarme dans un communiqué du risque d'une "récession généralisée", jugeant que face à la crise du coût de la vie, "il n'est pas étonnant que les ménages prévoient de réduire encore leurs dépenses cette année".

"Il est possible qu'il s'agisse des tout premiers signes que l'affaiblissement de l'activité économique depuis le début de l'année se répercute sur le marché du travail", estime Paul Dales, de Capital Economics.

Ces signes d'essoufflement de l'économie seront surveillés de près par la Banque d'Angleterre, qui a déjà revu plusieurs fois ses taux à la hausse depuis fin 2021 pour tenter d'enrayer l'inflation et devrait agir à nouveau jeudi, mais pourrait faire preuve de retenue pour ne pas étouffer la reprise.

Selon le ministre britannique des Finances Rishi Sunak, "les statistiques d'aujourd'hui montrent que notre marché du travail reste robuste", et dans un contexte économique difficile, "aider les gens à trouver du travail est le meilleur moyen de soutenir les familles à long terme", a-t-il dit dans un communiqué.

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