par MacDonald Dzirutwe

CHITUNGWIZA, Zimbabwe, 16 mars (Reuters) - Les Zimbabwéens ont voté calmement samedi dans le cadre d'un référendum sur une réforme constitutionnelle qui limite les pouvoirs présidentiels pour renforcer ceux du Parlement et du gouvernement avant les prochaines élections.

L'actuel chef de l'Etat Robert Mugabe, âgé de 89 ans, est au pouvoir depuis l'indépendance, acquise en 1980. Une partie de ses compatriotes et les puissances occidentaux l'accusent d'une dérive autocratique et de gérer de façon calamiteuse l'une des économies jadis les plus prospères d'Afrique australe.

Par l'âge comme par la longévité, il est le doyen des dirigeants africains.

Outre le rééquilibrage institutionnel en faveur du Parlement et du gouvernement, la réforme constitutionnelle limite la fonction présidentielle à deux quinquennats. Cette limite ne s'appliquera toutefois qu'à partir du prochain scrutin et ne prendra pas en compte les précédents mandats. "Comrade Bob", comme l'appellent ses compatriotes, sera donc libre de se représenter.

Les décrets présidentiels devront par ailleurs être approuvés à la majorité des membres du gouvernement et la proclamation de l'état d'urgence comme la dissolution de la chambre nécessiteront l'aval de deux-tiers des députés.

"NOUVELLE DONNE POLITIQUE"

La réforme est soutenue à la fois par la Zanu-PF de Mugabe et par le Mouvement pour un changement démocratique (MDC) de son rival Morgan Tsvangirai, actuel Premier ministre. L'issue du référendum ne fait donc guère de doute.

Les 10.000 bureaux de vote, où l'affluence a été limitée, ont fermé leur portes à 17h00 GMT et les résultats sont attendus d'ici cinq jours, selon Rita Makarau, présidente de la commission électorale.

"Nous voulons la paix dans ce pays, la paix, la paix, la paix ! Cela doit commencer par Robert Mugabe et continuer avec vous et tous les autres", a déclaré le chef de l'Etat, venu voter à Highfield, un "township" proche du centre d'Harare, en compagnie de sa femme et de sa fille.

Morgan Tsvangirai avait fait de ce référendum une condition de l'accord de partage du pouvoir conclu en 2009 avec Robert Mugabe. Pour le MDC, il n'était pas question d'envisager de nouvelles élections sans réforme constitutionnelle. La présidentielle et les législatives doivent avoir lieu avant la fin de l'année.

"Il s'agit d'une nouvelle donne politique et j'espère qu'elle permettra l'émergence d'une nouvelle culture politique, que nous passerons de la culture de l'impunité à celle du constitutionnalisme", a déclaré Tsvangirai, après avoir voté à Chitungwiza, 30 km au sud de la capitale. (Jean-Loup Fievet et Jean-Philippe Lefief pour le service français)