(Actualisé tout du long, avec précisions et remise en liberté d'un des deux Irakiens)

par David Ingram et Mica Rosenberg

NEW YORK, 28 janvier (Reuters) - Les premières plaintes contre le décret de Donald Trump interdisant aux réfugiés et aux ressortissants de sept pays musulmans de se rendre aux Etats-Unis ont été déposées samedi au nom de deux Irakiens qui ont été arrêtés à l'aéroport John Kennedy de New York.

Le président républicain a signé vendredi un décret qui interdit pendant quatre mois aux réfugiés l'entrée sur le territoire américain et interdit temporairement (90 jours) aux ressortissants de sept pays musulmans, dont l'Irak, de se rendre aux Etats-Unis, officiellement pour protéger le pays contre le risque d'attentats.

Dans leur plainte déposée auprès d'un tribunal fédéral à Brooklyn (New York), les deux hommes contestent la constitutionnalité du décret présidentiel. Ils font valoir que leurs liens avec les Etats-Unis en font des cibles dans leur pays d'origine et que leurs visas d'entrée aux Etats-Unis sont valables.

La situation d'un des deux hommes, qui a été interprète pour l'armée américaine, est particulièrement critique, explique David Leopold, ancien président de l'association des avocats américains spécialisés dans les affaires d'immigration.

"Un des types, qui était traducteur, a travaillé pour l'armée américaine pendant des années et a lui-même été visé par ses terroristes", raconte-t-il. "Il est clair que s'il est renvoyé, sa vie est directement menacée."

"LE PLUS GRAND PAYS"

Cet homme, Hamid Khalid Darouich, a fini par être libéré samedi. Il a joué l'apaisement devant la foule des journalistes qui l'attendait devant l'aéroport JFK.

"L'Amérique est le plus grand pays et le plus grand peuple au monde", a-t-il dit. Hamid Khalid Darouich, 53 ans, a travaillé pour l'armée américaine et pour une entreprise américaine en Irak entre 2003 et 2013, comme interprète et ingénieur, selon le texte du recours déposé à Brooklyn.

Le second plaignant, Haider Samir Abdoulkhalek Alchaoui, 33 ans, est toujours retenu par la police. Il est marié avec une Irakienne qui a travaillé pour une entreprise américaine qui travaillait dans la sécurité en Irak. Celle-ci habite déjà à Houston, au Texas, indique le recours.

Dix autre voyageurs qui ne sont pas mentionnés dans le recours étaient retenus à l'aéroport JFK samedi après-midi, a déclaré à la presse Jerrold Nadler, élu démocrate de New York à la Chambre des représentants.

Un autre dépôt de plainte est attendu pour lundi. Le Council on American-Islamic Relations (CAIR) a annoncé son intention d'intenter un recours contre le décret au motif qu'il vise les musulmans et est contraire à la liberté de religion garantie par la Constitution des Etats-Unis.

Le décret pris par Donald Trump ne mentionne pas de religion particulière, mais, dans une intervention vendredi avec la Christian Broadcasting Network, le président républicain a indiqué qu'il agissait pour protéger les chrétiens en Syrie qui étaient selon lui "horriblement traités". (Danielle Rouquié pour le service français)