Zurich (awp) - Le groupe de banques coopératives Raiffeisen a connu des fortunes diverses l'année dernière. D'une part, ses activités se sont développées favorablement et les recettes ont augmenté. D'autre part, la participation dans Leonteq a mené à un correctif de valeur de 69 mio CHF. "Elle nous a fait du mal", a regretté le directeur général (CEO) Patrik Gisel, qui s'attend à un redressement en 2017.

Pour le patron de la coopérative saint-galloise, la participation dans Leonteq a empêché Raiffeisen "d'atteindre un bénéfice record". Après le pic historique de 808 mio CHF en 2015, le résultat net s'est étiolé de 6,6% à 754 mio CHF, en raison principalement de ce correctif de valeur.

La société financière Leonteq, spécialisée dans les produits structurés, est détenue à 30% par Raiffeisen. Elle a connu une année 2016 compliquée et inscrit des chiffres rouges. Le titre a également connu un départ peu reluisant en 2017, avec un recul de 18% jusqu'ici.

La valorisation actuelle de cette participation est considérée par le CEO comme "absolument justifiée" et "résistante". En conférence de presse, M. Gisel a rappelé que la part détenue dans Leonteq a contribué aux succès passés de Raiffeisen. Au cours des cinq dernières années, elle a permis de générer des recettes à hauteur de 312 mio CHF, dont 67,1 mio rien qu'en 2016. Le rendement de l'investissement a atteint 9,8% à fin décembre, contre 12,2% en 2015.

Le CEO du groupe Raiffeisen, qui est également administrateur de Leonteq, estime que le redressement de la société financière zurichoise prendra encore une à deux années. Raiffeisen pourrait d'ailleurs imaginer céder une petite partie de ses actions Leonteq à un partenaire stratégique.

REFLUX SUITE À LA VENTE DE VESCORE

Le résultat opérationnel a fondu de 9,4% à 854,7 mio CHF, indique le groupe saint-gallois vendredi. Ce dernier pointe du doigt l'augmentation de 4,9% des charges d'exploitation, à 1,98 mrd CHF.

Par ailleurs, Raiffeisen a engrangé un gain unique de 64 mio grâce à la vente de la société de gestion d'actifs Vescore au groupe bancaire zurichois Vontobel, opération finalisée en septembre dernier.

Le produit d'exploitation a également gonflé mais dans une mesure moins importante, avec une hausse de 2,7% à 3,10 mrd CHF. Toutes les sources de revenus ont enregistré des hausses, notamment les opérations d'intérêts qui affichent un résultat net en progression de 2,0% à 2,22 mrd CHF.

Le produit des opérations de commissions et prestations de service a grappillé 0,9% à 466,8 mio CHF, tandis que les opérations de négoce ont généré des recettes à hauteur de 227,9 mio, soit +8,9%.

Les actifs sous gestion ont diminué de 2,9% à 202,8 mrd CHF. L'afflux net d'argent frais de 8 mrd CHF n'a pas pu compenser le recul de 14,0 mrd qui résulte de la vente de Vescore, précise Raiffeisen.

La somme du bilan s'est étoffée de 6,2% à 218,56 mrd CHF. Les créances hypothécaires se sont renforcées de 4,3% à 165,43 mrd CHF et les dépôts clientèle de 5,3% à 158,25 mrd CHF.

A fin décembre, Raiffeisen affichait des fonds propres à hauteur de 14,39 mrd, en hausse de 8%. Le ratio de fonds propres durs a atteint 15,3%, amélioré de 0,7 point de pourcentage.

LA BANQUE PRIVÉE NOTENSTEIN PAS SATISFAISANTE

La réorganisation de la banque privée Notenstein La Roche, qui a dégagé un produit opérationnel en hausse de 2,6% à 176,5 mio CHF, a constitué un chantier important en 2016. L'établissement de gestion a contribué à hauteur de 17,6 mio CHF au bénéfice de Raiffeisen. Ce résultat ne satisfait pas aux attentes, tranche le groupe, qui souhaite à l'avenir alléger les processus et les structures de la banque privée.

Raiffeisen a également conclu en décembre dernier un accord avec le Département américain de la justice (DoJ) dans le cadre du programme fiscal, dans lequel le groupe bancaire participait en catégorie 3. La convention signée avec les Etats-Unis ne prévoit pas le versement d'une amende.

L'exercice 2017 sera marqué par l'introduction du nouveau système bancaire central dans les banques Raiffeisen, chez Raiffeisen Suisse et chez Notenstein La Roche. Cette migration va offrir de nouvelles opportunités de numérisation des activités, selon le communiqué.

Malgré un contexte difficile, la coopérative saint-galloise prévoit cette année une croissance des produits "un peu plus forte" et un ralentissement de la croissance des prêts et crédits à la clientèle et des fonds de la clientèle. Le résultat opérationnel devrait être plus élevé qu'en 2016.

fr/fah