* Les deux fondateurs Lazaridis et Balsillie ne sont plus DG

* Leur lieutenant Thorsten Heins les remplace, promotion interne

* Les analystes sceptiques, le titre RIM ouvre en nette baisse

* RIM n'a pas besoin de changements drastiques, dit Heins (Actualisé avec réaction en Bourse, commentaire d'analyste, nouvelles citations de Heins)

par Alastair Sharp et Kate Holton

TORONTO/LONDRES, 23 janvier (Reuters) - Research In Motion (RIM) a choisi en Thorsten Heins une solution interne pour remplacer ses deux codirecteurs généraux démissionnaires, mais Wall Street se montre sceptique sur la capacité du nouveau dirigeant à redresser le fabricant du Blackberry.

Dans les premiers échanges lundi à la Bourse de New York, le titre du groupe canadien reculait de 6,6% malgré la démission de ses fondateurs Mike Lazaridis et Jim Balsillie et leur remplacement par Thorsten Heins, un ancien de chez Siemens , passé chez RIM depuis quatre ans.

Barbara Stymiest, qui a dirigé par le passé la Bourse de Toronto, a été nommée présidente du conseil d'administration du groupe, un poste occupé jusqu'alors par les deux cofondateurs.

Jim Balsillie reste membre du conseil d'administration et Mike Lazaridis, qui a annoncé son intention d'acheter 50 millions d'actions de l'entreprise de plus, devient vice-président du conseil.

Les deux hommes détiennent chacun plus de 5% du capital de RIM, qui a vu cette année ses parts de marché reculer face à la concurrence d'Apple et de Google dont le système d'exploitation Android équipe de nombreux smartphones.

"A première vue, cela ressemble plus à un changement cosmétique qu'à une réelle réorganisation", juge Edward Snyder, analyste chez Charter Equity.

Même si la plupart des analystes estiment que ces annonces vont dans la bonne direction, ils jugent qu'une solution interne n'était pas le meilleur des choix pour RIM.

"Normalement, les 'original equipment makers' (sous-traitants spécialisés) dans les combinés qui connaissent des difficultés de l'ordre de celles de RIM commencent leur opération de redressement en rompant tout lien avec leur ancien directeur général pour prendre un vrai nouveau départ avec le nouveau", prévient Edward Snyder.

"SEUL LE VISAGE CHANGE"

La valeur boursière du groupe canadien a fondu de 77% sur les 12 derniers mois, le fragilisant et le mettant à portée d'une offre publique d'achat hostile.

Samsung Electronics a démenti la semaine dernière être intéressé par RIM mais celui-ci paraît toutefois une cible de choix pour les fabricants asiatiques de smartphones qui voudraient contrer Android.

Les actionnaires les plus remuants réclamaient depuis plusieurs mois l'arrivée d'un nouveau dirigeant capable de revitaliser la gamme de produits de RIM et lui rendre la réputation qui fut autrefois la sienne.

"C'est le premier signe positif que nous percevons depuis plusieurs mois", ajoute toutefois Ed Snyder, tout en faisant montre de prudence quant au choix de Thorsten Heins, qui a été le lieutenant des deux dirigeants sortants.

"J'ai l'impression que seul le visage change", estime-t-il.

Thorsten Heins, né à Munich il y a 54 ans, a déclaré que sa première priorité serait la commercialisation de la nouvelle gamme de Blackberry 7 à écran tactile et la mise au point d'une nouvelle version du système d'exploitation de ses tablettes PlayBook d'ici février.

Ces dernières, censées concurrencer l'iPad d'Apple, ont fait l'objet de critiques cinglantes et ont été boudées par le public, au point que RIM a dû proposer de grosses ristournes.

Thorsten Heins a dit que RIM aurait tort d'axer sa stratégie sur l'octroi de licences pour ses logiciels ou son système de messagerie intégré, contrairement à ce que pensent certains analystes et investisseurs.ents. Mais il n'a pas écarté l'éventualité de discuter de telles hypothèses.

Il a déclaré en outre que RIM n'avait pas besoin de modifications drastiques.

"Ce changement n'est pas un séisme, c'est un changement d'échelle", a-t-il dit.

* BREAKINGVIEWS-RIM shies away from chance for reboot (Nicolas Delame et Jean Décotte pour le service français, édité par Dominique Rodriguez)