par Guillaume Frouin

SAINT-HERBLAIN, Loire-Atlantique, 9 janvier (Reuters) - P lusieurs milliers de partisans de Dieudonné ont laissé éclater leur colère jeudi soir devant les portes closes du Zénith de Nantes, après la confirmation de l'interdiction du spectacle du polémiste par le Conseil d'Etat. ( )

Mais la plupart se sont dispersés peu après 20h30. L'humoriste a lui-même quitté les lieux peu après 21h15 en voiture, en adressant un ultime salut de la main aux derniers d'entre eux et à une petite cohorte de photographes.

Auparavant, certains, brandissant des drapeaux tricolores ou des ananas en référence à la chanson controversée de Dieudonné "Shoah Nanas", avaient entonné La Marseillaise devant plusieurs cordons de gendarmes et policiers, comme il les y avait invités par les réseaux sociaux.

"Ils cherchent l'affrontement physique, donc rentrez chez vous en chantant la Marseillaise", avait écrit l'humoriste sur sa page Facebook, leur promettant un message vidéo ce vendredi sur Youtube.

La plupart des spectateurs - 6.000 personnes étaient attendues - sont partis peu après l'heure à laquelle devait débuter le spectacle, après que le régisseur de l'artiste ait lancé un appel similaire au mégaphone.

"UNE HONTE"

"Dans ce pays, le gouvernement censure ouvertement les artistes, c'est une honte", s'est énervé Pierre-Loup, un étudiant nantais de 21 ans, ananas à la main. "Alors que les pouvoirs politiques et judiciaires devraient être séparés, ils s'allient pour faire taire Dieudonné."

A ses côtés, Jacques, 27 ans, n'entendait pas réclamer le remboursement de son billet, qui lui a pourtant coûté 45 euros.

"Je suis prêt à offrir cet argent à Dieudonné par solidarité", a expliqué cet infirmier nantais. "Tout le monde dit qu'il est raciste, qu'il est antisémite. Mais nous, tout ce qu'on veut, c'est qu'on nous le laisse regarder et qu'on se fasse notre propre jugement."

"Ce qui m'énerve, c'est tous ces politiques qui condamnent Dieudo", abondait un peu plus loin Jean-Charles, technicien de maintenance de 23 ans venu du Mans (Sarthe). "Les seuls qui s'insurgent, c'est le Front national ! Je ne partage pas leurs idées, mais du coup je vais voter pour eux."

L'interdiction du spectacle, prononcée par le préfet de Loire-Atlantique, avait été confirmée peu avant 19h00 par le Conseil d'Etat, cassant une décision en faveur du polémiste rendue en début d'après-midi par le juge des référés du tribunal administratif de Nantes. (Edité par Emmanuel Jarry)