Le deuxième tour aura lieu dimanche. Voici les trois résultats possibles.

LA MAJORITÉ ABSOLUE

Effrayés par les avertissements de plus en plus stridents contre le programme de la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon, les électeurs élisent au parlement plus de 289 candidats soutenus par Macron.

Il aura carte blanche pour faire passer son programme, qui comprend une réforme contestée des retraites. Malgré tout, il est peu probable que le président trouve aussi facile de faire passer des lois au parlement que lors de son premier mandat.

Son ancien Premier ministre, Edouard Philippe, dont on pense qu'il nourrit des ambitions présidentielles, a créé son propre parti, qui fait officiellement partie de la majorité de Macron, et il est probable qu'il voudra avoir son mot à dire sur la législation, en faisant pression pour des politiques plus conservatrices sur les retraites et les déficits publics, par exemple.

Avec une majorité serrée, même un petit contingent de législateurs pourrait contribuer à faire de Philippe un faiseur de roi pendant le second mandat de Macron.

UN PARLEMENT SANS MAJORITÉ

La coalition de Macron ne parvient pas à atteindre la barre des 289 et ne dispose pas d'une majorité de sièges, bien qu'elle soit le plus grand parti au Parlement.

C'est un événement inhabituel sous la Cinquième République, et il n'y a pas de règle institutionnelle à suivre pour former une coalition, comme c'est le cas dans des pays comme la Belgique ou les Pays-Bas.

Macron devra peut-être tendre la main à d'autres partis, probablement le parti de centre-droit Les Républicains, pour former une coalition, ce qui impliquerait probablement de proposer des rôles ministériels importants à ses rivaux et des ajustements de son programme en échange d'un soutien parlementaire.

Il pourrait également essayer de débaucher des législateurs individuellement et leur proposer des avantages pour les encourager à rompre les rangs de leur parti.

À défaut, Macron pourrait être contraint de négocier projet de loi par projet de loi, en s'assurant du soutien du centre-droit pour ses réformes économiques, par exemple, tout en essayant de gagner le soutien du centre-gauche sur certaines réformes sociales.

Cela ralentirait le rythme des réformes et pourrait conduire à une impasse politique dans un pays où la recherche du consensus et le travail en coalition ne sont pas ancrés dans la culture politique.

Mais le président aurait encore quelques tours dans sa manche. Il pourrait, à tout moment, appeler à une nouvelle élection surprise, par exemple, ou utiliser l'article 49.3 de la constitution qui menace d'une nouvelle élection si un projet de loi n'est pas approuvé.

COHABITATION

Mélenchon défie les sondages d'opinion et son alliance Nupes obtient une majorité à l'Assemblée nationale. Selon la constitution française, Macron doit nommer un premier ministre qui a le soutien de la chambre basse, et la "cohabitation" s'ensuit.

Macron n'est pas obligé de choisir la personne proposée par la majorité comme premier ministre.

Toutefois, s'il refusait de nommer Mélenchon, une lutte de pouvoir s'ensuivrait presque certainement au sein du parlement, la nouvelle majorité étant susceptible de rejeter tout autre candidat proposé par Macron.

La cohabitation laisserait Macron avec peu de leviers de pouvoir entre ses mains et bouleverserait son programme de réformes. Le président conserverait la direction de la politique étrangère, négocierait les traités internationaux, mais céderait la plupart des décisions politiques quotidiennes au gouvernement.

Il y a eu peu de périodes précédentes de cohabitation dans la France d'après-guerre. Elles ont généralement entraîné des tensions institutionnelles entre le président et le premier ministre, mais ont été étonnamment populaires auprès de l'électorat.

Les sondages montrent que c'est la moins probable des trois issues.