(Actualisé, communiqué de la présidence, §§ 5-7)

LE CAIRE, 7 février (Reuters) - Le gouvernement égyptien a renforcé la sécurité devant le domicile de plusieurs dirigeants de l'opposition libérale, à la suite de menaces de mort lancées par un prédicateur salafiste et du meurtre en Tunisie de l'opposant laïque Chokri Belaïd.

Le prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei avait dénoncé mercredi l'apathie des autorités après la "fatwa" lancée par un prêcheur radical contre les chefs de file de l'opposition qui ont appelé à manifester contre le président Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans.

Dans un extrait d'une émission de la chaîne religieuse Al Hafez diffusé sur internet, le prédicateur Mahmoud Chaabane estime que les dirigeants du Front de salut national (FSN), la principale coalition d'opposition, méritent d'être condamnés à mort au nom de la "charia" (loi coranique).

Cette déclaration a été largement condamnée en Egypte, y compris par les Frères musulmans, qui ont dénoncé sur leur site officiel "les appels au meurtre", et par le parti salafiste Nour, qui a qualifié la fatwa "d'irresponsable".

Le président Mohamed Morsi, ancien responsable des Frères musulmans, a estimé que les propos de Mahmoud Chaabane relevaient du "terrorisme" mais a aussi accusé l'opposition d'entretenir les désordres.

"Il est étrange de voir certains se faire les avocats de la violence politique et d'autres, qui affirment parler au nom de la religion, autoriser le meurtre sous prétexte de divergences politiques, ce qui est tout simplement du terrorisme", précise un communiqué du palais présidentiel.

"La présidence affirme son rejet total des discours de haine qui prétendent faussement s'appuyer sur la religion et avec lesquels la religion n'a rien à voir. Elle appelle toutes les forces de la nation, les institutions religieuses et les personnalités du monde intellectuel à présenter un front uni face à ces propos inacceptables et ces incitations à la haine."

Le Premier ministre, Hicham Kandil, dit sur sa page Facebook que le gouvernement étudie les mesures légales à prendre contre "tous ceux qui émettent ou diffusent des 'fatwas' incitant à la violence".

Dans sa "fatwa", Mahmoud Chaabane accuse Mohamed ElBaradei et l'ancien candidat à la présidentielle Hamdine Sabahi d'être prêts à "mettre le feu à l'Egypte" pour arriver au pouvoir, référence aux violences qui ont éclaté autour du deuxième anniversaire de la révolution contre Hosni Moubarak, le 25 janvier, et ont fait une soixantaine de morts.

A la veille d'une nouvelle manifestation vendredi à l'appel du FSN, la sécurité a été renforcée devant le domicile de ses chefs de file.

"Nous avons demandé à la direction de la Sécurité centrale d'assurer une protection permanente devant les domiciles de Mohamed ElBaradei et Hamdine Sabahi", dit-on de source sécuritaire. (Alexander Dziadosz, Tangi Salaün et Guy Kerivel pour le service français)