BELGRADE, 21 juin (Reuters) - La ministre de l'Intégration européenne Vlora Citaku a été, vendredi, le premier membre du gouvernement kosovar à effectuer une visite à Belgrade, capitale de la Serbie dont, jusqu'à sa proclamation d'indépendance en 2008, le Kosovo faisait partie.

Ancienne traductrice pour les reporters de guerre, Vlora Citaku n'était pas officiellement invitée par le gouvernement serbe, mais son discours devant un forum dans un hôtel de Belgrade aurait été impensable il y a encore un an.

Depuis lors, l'Union européenne a réussi à obtenir du Kosovo et de la Serbie un accord réglant leurs relations bilatérales, ce qui pourrait permettre aux Vingt-Sept d'entériner la semaine prochaine l'ouverture de négociations d'adhésion de Belgrade à l'UE.

"J'espère que ma génération sera la toute dernière à avoir grandi dans la peur de Belgrade", a déclaré la ministre kosovare, âgée de 32 ans, dans un discours à Belgrade, lors d'une conférence organisée par le "Forum pour les relations ethniques".

"Nous étions terrifiés par Belgrade. C'était la ville d'où venaient les troupes pour brûler nos villes et nos villages", a dit Vlora Citaku à propos du conflit du Kosovo (1999). "Malheureusement, j'ai vu plus de massacres, plus d'hommes tués et de femmes violées que n'importe quel adolescent ne devrait en voir", a-t-elle témoigné.

La Serbie ne reconnaît toujours pas officiellement l'indépendance du Kosovo, mais la visite de la ministre reflète un changement radical de la position des autorités serbes envers son ancienne province. (Matt Robinson; Eric Faye pour le service français)