Mis sur pied à l'initiative de la France pour tirer les conséquences de la crise financière de 2008, le G20 réunit les pays industrialisés du G8, des pays émergents comme la Chine, l'Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud et le Mexique, et d'autres pays comme l'Arabie saoudite, la Turquie ou l'Espagne.

Le dernier sommet du G20, à Toronto, en juin, a été un temps mort mais cela ne condamne pas pour autant l'exercice, a estimé vendredi le patron du gendarme des marchés financiers français, lors d'une rencontre avec la rédaction de Reuters.

"La seule bonne nouvelle de Toronto c'est que l'Europe, les Britanniques, les Français, les Allemands sont arrivés avec des propositions similaires", dit-il.

"Là, l'Europe s'est affirmée. La mauvaise nouvelle c'est qu'elle n'a pas réussi à peser sur le système."

Il prédit un agenda beaucoup plus chargé pour le prochain sommet, à Séoul, en novembre, puis pour la présidence française du G20, dont le président Nicolas Sarkozy veut faire un moment politique majeur de la fin de son quinquennat.

Les enjeux monétaires seront "au c?ur du G20", dit-il. "La question qui se pose aujourd'hui, c'est comment passe-t-on du G7-G8 au G20 en termes de régulation monétaire. Ça va être le sujet fort de la fin de l'année."

Nicolas Sarkozy plaide pour une refonte du système monétaire international - un nouveau "Bretton Woods" - mais le G20 ne s'est pas encore véritablement saisi de la question.

Pour le patron de l'AMF, plusieurs sujets sont sur la table, dont l'encadrement des fluctuations des grandes monnaies comme, avant l'euro, les devises européennes dans le serpent monétaire européen, ou l'idée d'un "panier de monnaies" poussée par Pékin.

Longtemps accusés de maintenir le yuan à des niveaux artificiellement bas pour protéger leurs exportations, les dirigeants chinois ont accepté en juin dernier d'assouplir les conditions de change de leur monnaie.

LES AMERICAINS DOIVENT "S'INVESTIR"

Le département américain du Trésor n'en a pas moins estimé jeudi que le yuan restait sous-évalué. A part la France, ceux qui croient vraiment à ce débat sur les changes, quand c'est leur intérêt, sont les Américains, souligne Jean-Pierre Jouyet.

"Les Chinois vont faire comme d'habitude un petit geste et une très bonne communication", poursuit-il. "Il faudra donc que les Américains s'investissent."

"Il faut amener les Chinois à penser à l'avenir. Ils ont leur propres contraintes intérieures et politiques. Qu'on soit clair : ils ne bougeront pas d'ici à la fin de l'année. Si on lance déjà des pistes de réflexion le G20 aura été utile."

Jean-Pierre Jouyet déplore que les grands pays émergents comme la Chine n'aient vu jusqu'à présent dans la création du G20 qu'une reconnaissance de leur poids et une plateforme politique sans offrir vraiment de contrepartie.

Sur tous les sujets traités, les plus silencieux sont ces pays, souligne le président de l'AMF, qui juge particulièrement problématique leur manque d'implication alors que le G20 a été créé pour améliorer le dialogue avec eux.

"On a donné le gain politique mais on n'a pas la contrepartie en termes de coopération opérationnelle", souligne Jean-Pierre Jouyet.

Mieux impliquer les grands émergents, élargir les débats du G20 à des sujets allant au-delà de la taxation des transactions financières et des banques, comme les monnaies ou la régulation bancaire, et mettre en place une bonne architecture du G20 devrait être des thèmes de la présidence française.

Il plaide pour une gouvernance améliorée du G20 afin de s'assurer que ses décisions seront suivies d'effet, avec un secrétariat fort, un conseil de stabilité financière doté de pouvoirs réels et une meilleure articulation avec le FMI.

Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse