par Julien Toyer

Réunis à Bruxelles, les ministres des Finances de la zone euro et de l'UE débattront également des perspectives de croissance et de l'état de leurs finances publiques, quelques heures après la publication des prévisions économiques de la Commission européenne.

"Nous atteignons désormais une masse critique en matière de relance, en termes de soutien à la demande ou de soutien à l'offre et, dans ce cadre-là, il faut désormais se poser la question de la stratégie à définir pour la suite", explique un diplomate proche de l'organisation de ce forum de coordination des politiques économiques des pays utilisant l'euro.

Jusqu'à maintenant, souligne un second diplomate, il a surtout été question des chiffres devant être annoncés et très peu de la substance des mesures.

"Est-ce que nous avons fait assez, doit-on faire plus? Et, si oui, quand et comment ? Quel est le délai à partir duquel cela aura une influence sur l'économie réelle ?", autant de questions qui seront sur la table, souligne-t-il.

Alors que les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE ont endossé lors du conseil européen de décembre un plan de relance d'un montant de 200 milliards d'euros, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a déclaré le 5 janvier que les Etats membres ne devaient pas hésiter à revoir ces plans nationaux à la hausse.

Plusieurs Etats membres considèrent cependant qu'une assez faible partie de ces mesures nationales de soutien à l'investissement et à la consommation a été mise en oeuvre jusqu'à présent et qu'il s'agit donc d'un préalable.

CONTRACTION DE L'ACTIVITÉ EN 2009

Longtemps réticente, l'Allemagne a sauté le pas cette semaine en annonçant un nouveau plan de relance de 50 milliards d'euros, qui vient s'ajouter aux quelque 31 milliards d'euros déjà avancés en 2008 et qu'elle estime nécessaire pour juguler ce qui pourrait être sa pire récession depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

Ce paquet de mesures s'articule principalement autour de nouvelles dépenses d'infrastructures, d'une réforme fiscale et d'un coup de pouce aux consommateurs destiné à venir indirectement en aide également au secteur automobile.

Vendredi, les Vingt-Sept ont réaffirmé leur volonté de coordonner leurs action à destination d'un secteur clé de l'industrie européenne en mettant à nouveau à contribution la Banque européenne d'investissement (BEI) et en étudiant l'extension de mesures telles que la prime à la casse.

Autre sujet de discussion, les prévisions économiques de la Commission européenne devraient être fortement revues à la baisse par rapport à leur dernière livraison de novembre.

L'exécutif européen, qui prévoyait encore une activité en très légère hausse de 0,1% en 2009 dans la zone euro et de 0% en France, devrait lundi faire état d'une croissance négative dans l'Hexagone et au sein des Seize.

"Cela ne va pas être très positif pour 2009. Il est clair que les prévisions montreront qu'il y a une contraction de l'activité au sein de l'UE et la zone euro", une première depuis la création de la monnaie unique, indique un diplomate européen.

Concernant les finances publiques, la prévision d'un déficit de 2,3% en 2009 de l'économie européenne et de 3,5% en France apparaît, elle aussi, largement dépassée.

"Le Conseil Ecofin constatera que la relance est bienvenue mais qu'elle crée des déficits non prévus et qui sont plus importants que prévus", dit ce diplomate.

"Mais il y a aussi un consensus pour prendre les prévisions comme un calcul de tendance, un repère momentané mais pas comme une indication de ce que sera l'ensemble de l'année", ajoute-t-il.

Julien Toyer, édité par Jacques Poznanski