par Matthias Blamont et Tim Hepher

Une source proche des discussions a déclaré à Reuters que si les positions des pays clients de l'avion de transport militaire et d'EADS s'étaient rapprochées sur plusieurs points ces derniers jours, les discussions achoppaient encore sur la répartition exacte des surcoûts du projet et qu'aucune nouvelle date n'était prévue pour une reprise des entretiens.

EADS, maison mère du constructeur Airbus, avait dramatisé les enjeux du programme et espérait parvenir à une solution fin janvier afin de présenter une photographie claire de ses comptes lors de la publication de ses résultats annuels le 9 mars.

Mercredi, une source proche de l'Elysée soulignait que les sept pays de lancement de l'A400M - France, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, Belgique, Luxembourg et Turquie - se donnaient jusqu'à fin février pour parvenir à une solution.

"C'est le temps politique qui s'oppose au temps économique. La question du calendrier devient cruciale pour EADS alors que la date de publication des résultats approche", a réagi une source industrielle.

Un porte-parole d'EADS s'est refusé à tout commentaire.

STRATÉGIQUE

"En ce qui concerne l'A400M, je crois que les négociations doivent se poursuivre, nous sommes d'accord pour dire qu'il s'agit d'un projet d'une importance stratégique et que tout doit être fait pour parvenir à une solution", a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel.

"C'est un projet décisif qui doit aboutir très rapidement", a ajouté le président français Nicolas Sarkozy. Les deux chefs d'Etat s'exprimaient au cours d'une conférence de presse commune à l'issue du 12e conseil des ministres franco-allemand à Paris.

Plus nuancé, le ministre allemand de la Défense, Karl-Theodor zu Guttenberg, a déclaré qu'il s'opposerait à tout chantage.

"Un contrat a été signé et nous avons intérêt à ne pas nous laisser mettre sous pression", a-t-il dit à des journalistes.

Initialement estimés à 20 milliards d'euros, le développement et l'assemblage des 180 premiers A400M pourraient totaliser un peu plus de 31 milliards d'euros.

L'ENJEU DES PROVISIONS

En tenant compte des économies de coûts identifiées par EADS à hauteur de 3,6 milliards d'euros, les financements manquants sont eux estimés à 7,6 milliards. Sur ce montant, EADS a proposé d'avancer 3,2 milliards d'euros et les Etats deux milliards d'euros selon plusieurs sources, un schéma qui laisse encore 2,4 milliards d'euros de fonds à rassembler.

Selon une source proche du dossier, les Etats ont toutefois consenti à la possibilité de discuter d'avances remboursables - modèle de financement habituel du secteur aéronautique - et d'évoquer une répartition commune de l'inflation des coûts du projet (escalation costs), notamment pour tenir compte de l'augmentation récente des prix des matières premières.

EADS a passé 2,4 milliards d'euros de provisions dans ces comptes. Son résultat net 2009 pourrait être entièrement effacé par l'inscription de nouvelles charges.

Une réunion informelle des ministres de la Défense de l'Otan est programmée jeudi et vendredi à Istanbul. L'Afghanistan devrait constituer le sujet majeur des entretiens mais la question du financement de l'A400M sera également abordée.

L'action EADS a cédé 2,56% à 14,25 euros à la Bourse de Paris jeudi dans un marché en baisse de 2,75%.

Avec la contribution de Sophie Hardach et de Dave Graham, édité par Jean-Michel Bélot