Affaires économiques et monétaires - 21-03-2013 - 15:53
Commission : Affaires économiques et monétaires

Le Président de l'Eurogroupe, M. Dijsselbloem, a endossé la responsabilité du plan de renflouement chypriote rejeté, ajoutant qu'il s'agissait d'une "décision conjointe", en commission économique. Il a déclaré qu'il doutait de la possibilité d'un réel "plan B". Les députés se sont montrés très critiques envers la manière dont les événements se sont déroulés pendant le week-end, soulignant que taxer les petits épargnants était ridicule et que cette erreur avait été commise sur tous les fronts.

Lors d'une réunion planifiée il y a longtemps à l'occasion de la première audition du nouveau Président de l'Eurogroupe au Parlement européen, les députés se sont presque exclusivement concentrés sur la situation à Chypre. M. Dijsselbloem a cependant été interrogé sur ses projets concernant les déséquilibres dans la zone euro et le rôle des parlements dans le cadre de la nouvelle gouvernance économique de l'UE. On lui a également demandé s'il sera aussi sévère avec les plus grands États membres qui transgressent les règles budgétaires européennes que l'Eurogroupe semblait l'être envers les plus petits pays de l'UE.


Sharon Bowles (ADLE, UK), présidente de la commission parlementaire, a ouvert la série de questions en demandant à M. Dijsselbloem quand il avait réalisé pour la première fois que l'accord proposé à Chypre n'était pas un bon accord. Elle a également voulu connaître le déroulement précis des événements de vendredi soir et de samedi matin.


Nikolaos Chountis (GUE/NGL, EL), le plus dur de tous, a demandé à M. Dijsselbloem: "L'Eurogroupe est-il simplement incompétent ou a-t-il des motifs cachés derrière ses actions à Chypre?".


La seule certitude positive n'existe plus


De nombreux députés ont déclaré que la décision de Chypre de rejeter le plan avait sérieusement touché la confiance des citoyens par rapport au seul élément de certitude depuis la crise bancaire. "La garantie de 100 000€ était la seule source d'espoir pour les citoyens en ces temps de crise. Cette confiance a été ébranlée", a déclaré Elisa Ferreira (S&D, PT). Dirk-Jan Eppink (ECR, BE) a voulu savoir qui exactement avait demandé la contribution des petits épargnants.


M. Dijsselbloem a rappelé que d'un point de vue juridique, le plan ne sapait pas le système de garantie de dépôt, étant donné qu'il s'agissait d'une taxe. Il a toutefois admis: "Nous aurions dû passer plus de temps samedi matin pour savoir comment mieux communiquer sur ce projet". Jean-Paul Gauzès (PPE, FR) a adopté la même position, affirmant que la communication avait été très mal gérée. Les députés ont insisté sur le fait que la perception du sujet était désormais forgée: le système de garantie est en danger et les arguments du jargon juridique seront peu utiles.


"J'endosse la responsabilité de la taxe mais au final il s'agissait d'une décision conjointe", a répondu M. Dijsselbloem. "Cette taxe avait du sens car toutes les autres solutions auraient rendu la dette de Chypre insoutenable", a-t-il ajouté. Bas Eikhout (Verts, NL) a déclaré que même si un compromis avait dû être conclu, il aurait incombé à M. Dijsselbloem d'empêcher une taxe sur les dépôts inférieurs à 100 000€.


M. Dijsselbloem a également longuement expliqué que cette taxe proposée sur les dépôts à Chypre n'aurait pas servi de modèle. "Le problème chypriote est extrêmement spécifique", a-t-il déclaré.


La crise bancaire devient géopolitique


"Une solution russe ne serait pas une bonne solution", a averti Corien Wortmann Kool (PPE, NL). Cet avis a été partagé par de nombreux députés et par M. Dijsselbloem, qui a déclaré que davantage de fonds russes aujourd'hui n'aideraient pas Chypre à long terme. D'autres députés ont affirmé qu'il ne fallait pas sous-estimer les motifs cachés de la Russie par rapport à son intervention.


Rôle de la BCE


"Comment réagissez-vous face à l'ultimatum de la BCE, selon lequel s'il n'y a pas d'accord d'ici lundi, elle arrêtera de fournir cet apport urgent de liquidités aux banques chypriotes?", a demandé Sophie Int'Veld (ADLE, NL), en faisant référence à la déclaration de la BCE de jeudi.


"Ce n'est pas une question de menace. La BCE fait tout ce qu'elle peut dans les limites de son mandat. Elle peut seulement aider les banques si un programme existe", a répondu M. Dijsselbloem.


Sous la présidence de: Sharon Bowles (ADLE, UK)

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