Lundi soir, les députés ont salué le fait que la Commission européenne était disposée à collaborer à l'enquête du Parlement sur les activités de la Troïka. Cependant, ils ont été déçus par les réponses du commissaire Olli Rehn à certaines de leurs questions, en particulier sur l'obligation de rendre des comptes, le partage des responsabilités et les raisons des nombreuses prévisions trop optimistes.


M. Rehn est le premier intervenant entendu en commission des affaires économiques et monétaires. Il sera suivi par l'ancien Président de la BCE, Jean-Claude Trichet, interrogé ce mardi, et par le directeur exécutif du Mécanisme européen de stabilité, Klaus Regling, qui sera questionné mercredi.


Les co-rapporteurs de l'enquête, Othmar Karas (PPE, AT) et Liem Hoang Ngoc (S&D, FR), ont ouvert la série de questions. M. Karas a demandé comment améliorer l'obligation de rendre des comptes et M. Ngoc a voulu savoir si le différend supposé entre la Commission et le FMI concernant les multiplicateurs budgétaires était désormais résolu.


D'autres députés ont abordé à maintes reprises la question de l'obligation de rendre des comptes. Ils ont cherché à savoir comment les décisions étaient prises dans le système de la Troïka et qui était finalement responsable des différentes décisions prises concernant les réformes économiques, les coupes budgétaires et la restructuration de la dette grecque. D'autres questions ont porté sur des événements spécifiques et des décisions liées aux pays qui ont fait l'objet d'un renflouement.


La résistance politique sous-estimée


Pourquoi la Commission européenne a-t-elle autant sous-estimé les effets négatifs des coupes budgétaires (multiplicateurs budgétaires) et a fait des prévisions qui se sont révélées beaucoup plus optimistes que la réalité? M. Rehn a répondu à cette question en mentionnant le manque de volonté politique nationale de mener les réformes. Les prévisions erronées "montrent les limites des paramètres de l'économie et de l'économétrie", a affirmé le commissaire européen, estimant que le manque de volonté politique était le principal problème.


Lorsque les députés lui ont demandé s'il avait "des regrets" concernant les programmes de la Grèce, M. Rehn a répondu que le groupe de travail, créé pour aider à mener les réformes, aurait dû être mis sur pied plus tôt pour éviter le manque initial de progrès.


Des réponses décevantes


Répondant aux questions, M. Rehn a répété à plusieurs reprises que les conditions dans lesquelles la Troïka a mené ses activités étaient particulièrement difficiles et qu'il fallait garder cet élément à l'esprit.


Selon le commissaire, ce sont les gouvernements des pays renfloués qui sont principalement responsables des réformes et des coupes réelles. M. Rehn a affirmé que les décisions finales concernant les réformes à mener et les coupes à effectuer étaient prises par les gouvernements des pays concernés. Il a également admis que même si la Troïka était capable de prendre des décisions, ce processus avait souvent été entravé par le fait que les trois institutions (BCE, FMI et Commission) avaient des philosophies indépendantes.


Par ailleurs, M. Rehn a déclaré que la Troïka avait respecté le principe de responsabilité, décrivant comment chacune des trois institutions avait dû rendre des comptes, même si ce processus s'est effectué auprès d'organismes différents et de manières diverses.


Prochaines étapes


Les réunions se poursuivront tout au long de la semaine. Une délégation de députés se rendra les 16 et 17 janvier à Dublin pour entendre les autorités et d'autres acteurs, et les 29 et 30 janvier à Athènes. Un rapport sur les résultats de l'enquête sera adopté par le Parlement en avril.

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