(Actualisé avec Reporters sans frontières)

PARIS, 3 août (Reuters) - Les autorités françaises suivent "avec la plus grande attention la situation" du journaliste indépendant français Loup Bureau, détenu depuis la semaine dernière en Turquie où il est soupçonné d'assistance à une organisation terroriste, a-t-on appris jeudi auprès du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères.

"L’ambassade de France à Ankara est en contact avec les autorités locales, afin de pouvoir exercer au plus vite la protection consulaire", a dit à Reuters un porte-parole du ministère.

Loup Bureau a été arrêté la semaine dernière alors qu'il entrait en Turquie au point de passage de Habur, à la frontière avec l'Irak, en possessions de photographies et d'interviews avec des combattants kurdes, avait rapporté mercredi l'agence de presse Anadolu.

Présenté mardi devant un tribunal de Sirnak, la capitale provinciale, il a été placé en détention pour assistance présumée à une organisation terroriste, a précisé Anadolu.

Le point de passage de Habur est situé à moins de 20 km du nord-est de la Syrie, sous le contrôle des miliciens kurdes syriens des Unités de protection du peuple (YPG).

De son côté, Reporters sans frontières (RSF) a appelé jeudi à sa remise en liberté immédiate.

"Son incarcération et les lourdes accusations portées contre lui nous inquiètent au plus haut point. Loup Bureau n’est qu’un journaliste : nous espérons que l’enquête le reconnaîtra dans les plus brefs délais", a dit Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de RSF, dans un communiqué.

Loup Bureau, 27 ans, étudie le journalisme à Bruxelles. "Il a déjà multiplié les reportages sur différents points chauds de la planète" comme l'Egypte ou la Crimée, rapporte RSF.

Il a notamment a réalisé il y a trois ans un reportage consacré aux miliciens kurdes des YPG diffusé par TV5 Monde et reproduit sur sa page sur le site de partage de vidéo Vimeo.

"Ce que la justice turque semble tenir pour un élément à charge", déplore l'organisation, qui rappelle que la Turquie se situe à la 155e place sur 180 dans son classement mondial de la liberté de la presse.

Ankara considère les YPG comme une extension des séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui opère dans le sud-est de la Turquie et que la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne classent parmi les organisations terroristes. (Caroline Pailliez, avec Cyril Camu, édité par Yves Clarisse)