(Actualisé avec communiqué de Dassault Aviation, ministère des Armées)

par Cyril Altmeyer

PARIS, 7 septembre (Reuters) - La France a annoncé jeudi avoir proposé le Rafale de Dassault Aviation à la Belgique, qui recherche 34 avions de combat pour remplacer ses F-16 de Lockheed Martin, espérant ainsi mettre un terme à la pratique de certains pays européens consistant à acheter des appareils américains.

De source ministérielle, la France a choisi de proposer un partenariat plutôt que de participer formellement à l'appel d'offres lancé mi-mars par la Belgique pour remplacer ses 54 F-16 et qui arrivait à échéance ce jeudi.

Selon le blog Secret Defense, qui cite une source proche du dossier, la France juge l'appel d'offres rédigé de manière à "privilégier le F-35 américain".

Une porte-parole du ministère des Armées s'est refusée à tout commentaire sur ce point.

La ministre des Armées Florence Parly précise dans un communiqué avoir proposé à la Belgique un partenariat approfondi allant au-delà des seuls équipements militaires.

"Ce partenariat structurant, qui pourrait prendre la forme d’un accord intergouvernemental, comprendrait la fourniture de l’avion de combat Rafale, mais aussi une coopération approfondie entre nos deux armées de l’air (...) ainsi qu’une coopération industrielle et technique impliquant des entreprises des deux pays", fait valoir la ministre Florence Parly dans un communiqué.

L'accord proposé à la Belgique est "exceptionnel" parce qu'il propose au pays de participer à la définition du standard de l'appareil et à son évolution future, ainsi que de coopérer dans l'utilisation de l'espace aérien, a fait valoir un porte-parole du ministère des Armées.

Le F-35 de Lockheed Martin, l'Eurofighter Typhoon coproduit par Airbus et le Gripen du suédois Saab ont été cités par la presse parmi les candidats au contrat. Boeing s'est retiré de la course au printemps.

PAS ENCORE DE RAFALE EXPORTÉ EN EUROPE

L'avionneur français, qui a exporté le Rafale en Egypte, au Qatar et en Inde, ne l'a jamais vendu en Europe.

"Dassault Aviation et ses partenaires proposent aux partenaires économiques des trois régions belges, une stratégie de coopération à moyen et long termes véritablement structurante pour l’avenir de l’industrie belge qui contribuera au renforcement de l’Europe de la Défense", souligne Eric Trappier, le PDG de Dassault Aviation, dans un communiqué.

Il rappelle que son groupe, implanté en Belgique depuis la fin des années 1960, emploie plus de 3.000 personnes dans le pays, où il dispose d'un réseau de plus de 800 fournisseurs référencés et passe plus de 800 millions d'euros de commandes annuelles.

"Pour la Belgique, il y aura un choix de faire des opérations, dans le cadre de l’Otan, plutôt avec un grand allié qui est la France ou avec un grand allié qui est l’Amérique. Quand on prépare l’avenir de la défense en Europe, le débat est là", avait déclaré mi-juin Eric Trappier, au quotidien belge L'Echo.

"On peut toujours dire que les voisins ont acheté des avions américains et que donc, j’achète américain. Ce n’est pas une critique, mais un constat. La Belgique est un État souverain", avait-il ajouté.

En Europe, le Danemark, l'Italie, les Pays-Bas, la Norvège et le Royaume-Uni participent au programme F-35, aux côtés de l'Australie, du Canada, de la Turquie et, bien sûr, des Etats-Unis.

Or, pour consolider l'Europe de la Défense, Emmanuel Macron et Angela Merkel ont exprimé le 13 juillet à l'Elysée leur intention de développer conjointement un futur avion de combat.

Cet appareil, qui pourrait être décliné en avions pilotés et en drones, succéderait au trio actuel - le Rafale, l'Eurofighter coproduit par Airbus, l'italien Leonardo et le britannique BAE Systems et le Gripen du suédois Saab .

Dassault Aviation et Airbus ont salué fin juillet ce coup d'envoi symbolique, tout en soulignant que le chemin serait encore très long. (Avec John Irish, édité par Jean-Michel Bélot et Gwénaëlle Barzic)