PARIS, 16 mai (Reuters) - Membre de la garde rapprochée de Lionel Jospin puis soutien affiché de Dominique Strauss-Kahn avant la chute de l'ancien patron du Fonds monétaire international, Pierre Moscovici a ensuite choisi sans état d'âme le camp de François Hollande.

Celui qui fut le directeur de campagne du candidat socialiste à la présidence fait déjà figure, à 54 ans, de vieux routier de la politique avec une précédente expérience gouvernementale à son actif, comme ministre chargé des Affaires européennes dans le gouvernement de Lionel Jospin entre 1997 et 2002.

A en croire Le Figaro, il aurait refusé le poste de secrétaire général de l'Elysée pour ne pas laisser passer sa chance d'entrer une nouvelle fois au gouvernement, au poste capital de ministre de l'Economie, des Finances et du Commerce extérieur.

Spécialiste des affaires européennes, une étiquette précieuse en ces temps troublés pour la zone euro, ce technicien pointu n'a pas peur des dossiers brûlants.

Comme pour rappeler à tous ses compétences avant la formation du gouvernement, il s'est déclaré confiant dans la conclusion d'un compromis franco-allemand sur la croissance malgré l'inflexibilité affichée par le gouvernement conservateur d'Angela Merkel.

Né à Paris en 1957, diplômé de l'Ena en 1984, ancien conseiller aux affaires budgétaires du ministre de l'Education nationale qu'était Lionel Jospin de 1988 à 1992, cet homme ambitieux s'était rapproché ces dernières années de Dominique Strauss-Kahn, dont il avait soutenu la candidature lors de la primaire socialiste pour la présidentielle de 2007, finalement remportée par Ségolène Royal.

L'un des principaux animateurs du courant social-démocrate au sein du PS, cet amateur de cigares au crâne dégarni qui aime à arborer une barbe de trois jours soigneusement entretenue offre le double avantage de n'effrayer ni l'Europe, ni les marchés.

Celui qui avait envisagé un temps de se présenter à la primaire socialiste de l'automne dernier a joué un rôle de premier plan dans la campagne présidentielle, jouissant d'une forte exposition médiatique qui lui a permis de faire admirer ses talents d'orateur.

Député du Doubs, il a déjà influé sur le style de la présidence puisque c'est sur ses conseils que François Hollande a choisi la dernière née de la gamme Citroën, la DS5, fabriquée à Sochaux, pour son investiture.

Trotskyste de formation - il a quitté la Ligue communiste révolutionnaire d'Alain Krivine pour le PS en 1984 - Pierre Moscovici affiche fièrement sa culture de gauche en plaçant en exergue sur la page d'accueil de son blog une phrase de Léon Blum : "L'homme libre est celui qui n'a pas peur d'aller jusqu'au bout de sa pensée". (Patrick Vignal, édité par Yves Clarisse)