PARIS, 16 mai (Reuters) - Nommée ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine devra mener l'exercice délicat du redressement des comptes sociaux tout en préservant le modèle de protection français.

Secrétaire nationale du Parti socialiste à la santé et à la sécurité sociale, la députée d'Indre-et-Loire fait face à deux déficits vus comme des aberrations : la santé et les retraites, qui impliquent de payer des dépenses courantes par l'emprunt.

Le numéro un de la Cour des comptes, l'ancien président socialiste de la commission des finances de l'Assemblée, Didier Migaud, s'en agace : "Les déficits récurrents de nos régimes de protection sociale, sans équivalent dans les autres pays d'Europe, sont des anomalies et doivent être éliminés".

Agée de 53 ans, la fille du sociologue Alain Touraine, s'est élevée pendant la campagne présidentielle contre la proposition de Nicolas Sarkozy de limiter la hausse des dépenses de santé à 2,5% par an, contre 3% prévu par François Hollande.

"Derrière ces coupes comptables, c'est un travail de sape de notre pacte social qui est à l'oeuvre et une tentative de privatisation rampante de notre système de santé", disait-elle.

Elle devra aussi gérer l'évolution du système de retraites, qui n'est pas financé au-delà de ce quinquennat, et dont l'espoir d'équilibre d'ici là, grâce à la réforme de 2010, est éclipsé par la montée du chômage qui culmine à son plus haut niveau depuis 1999 et constitue un autre dossier prioritaire.

LE TEMPS DES NÉGOCIATIONS

Emploi et réforme de la protection sociale seront au coeur des négociations que le nouvel exécutif prévoit d'engager dans les prochains mois avec les syndicats et les organisations patronales. Marisol Touraine devrait travailler sur ces dossiers avec Michel Sapin, nommé ministre du Travail, de l'Emploi et du Dialogue social.

Normalienne agrégée de sciences sociales, mariée à un ambassadeur, Marisol Touraine a intégré l'équipe de François Hollande pour diriger le pôle social de sa campagne, après le retrait de Dominique Strauss-Kahn de la course à l'Elysée.

Chef de file du groupe PS à la commission des affaires sociales de l'Assemblée, elle a commencé sa carrière au secrétariat général de la Défense nationale avant d'intégrer des cabinets ministériels dans des gouvernements de gauche. Elle fut ainsi conseillère technique au cabinet de Michel Rocard alors Premier ministre.

Maître de requêtes au Conseil d'Etat en 1991, conseiller d'Etat en 1995, elle occupa ensuite des fonctions dans divers organismes et fut chargée de cours à l'Institut de sciences politiques de Paris (IEP).

Elle est élue député dans la troisième circonscription d'Indre-et-Loire en 1997. Battue en 2002, elle retrouve son siège en 2007. Elue conseillère générale dans ce département en 1998, elle préside depuis 2011 le conseil général d'Indre-et-Loire. (Emile Picy et Jean-Baptiste Vey)