(Actualisé avec début du procès)

par Ian Simpson

WASHINGTON, 3 juin (Reuters) - Le procès de Bradley Manning, le soldat accusé d'avoir communiqué en 2010 au site WikiLeaks quelque 700.000 notes confidentielles de l'administration américaine, s'est ouvert lundi devant une cour martiale de Fort Meade dans le Maryland.

Bradley Manning, 25 ans, autrefois employé comme analyste du renseignement, est accusé d'être à l'origine de la plus grande fuite de documents secrets de l'histoire des Etats-Unis.

Arrêté en mai 2010 alors qu'il servait en Irak, le jeune homme doit répondre de 21 chefs d'inculpation dont le plus grave, celui de collusion avec l'ennemi, pourrait lui valoir la réclusion à perpétuité s'il est reconnu coupable.

Bradley Manning, qui a souhaité être jugé par une seule personne, le colonel Denise Lind, et non par un jury militaire, est poursuivi dans le cadre de l'Espionage Act datant de 1917.

L'ancien soldat doit répondre des accusations de téléchargement de documents confidentiels, de câbles diplomatiques et de vidéos de combat et de transfert de ces données au site internet WikiLeaks fondé par Julian Assange.

Vêtu d'un uniforme noir, Bradley Manning a d'abord dû répondre à plusieurs questions de procédure concernant le choix des avocats qui le représentaient et la composition de la cour réduite à un seul magistrat.

Il a décidé de plaider non coupable pour le chef d'inculpation de collusion avec l'ennemi.

SALLE COMBLE

En revanche, il a accepté de plaider coupable pour dix chefs de moindre gravité, dont ceux de possession et diffusion d'informations classées sur l'Irak et l'Afghanistan, pour lesquels il risque une peine pouvant atteindre vingt ans de prison.

Lors d'une audition devant le colonel Lind en février, Bradley Manning a expliqué avoir diffusé les documents à WikiLeaks afin de provoquer un débat sur les actions de l'armée américaine et sur la politique étrangère des Etats-Unis.

"J'assume l'entière responsabilité de mes actions", avait-il dit à cette occasion. "J'avais le sentiment d'accomplir quelque chose qui me permettrait d'être en paix avec ma conscience."

L'accusation, qui a convoqué plus de cent témoins, estime que les fuites provoquées par Bradley Manning ont mis en danger la sécurité nationale des Etats-Unis et menacé la vie de plusieurs personnes.

La salle d'audience qui compte une quarantaine de places assises était comble lundi. Des organisations de défense des droits civiques ont reproché à la cour d'empêcher l'accès public à certains documents contenus dans le dossier.

WikiLeaks a installé une camionnette portant la mention "unité mobile de collecte d'informations" sur le parking de Fort Meade, complexe qui abrite le siège de la National Security Agency (NSA), à une cinquantaine de kilomètres de Washington.

Julian Assange se trouve toujours dans l'ambassade de l'Equateur à Londres, où il s'est réfugié en juin 2012 pour éviter d'être extradé en Suède. La justice suédoise veut l'interroger sur des accusations de viol. (Tangi Salaün, Julien Dury et Pierre Sérisier pour le service français, édité par Gilles Trequesser)