par Sumeet Desai

Le chancelier de l'Echiquier a déclaré que les dépenses de l'Etat seraient réduites d'environ 25% au cours des cinq années à venir, tandis que la TVA sera relevée à 20% l'année prochaine, contre 17,5% cette année.

La taxe sur les banques permettra de lever 1,2 milliard de livres sterling (1,4 milliard d'euros) sur l'exercice budgétaire 2011-2012, montre le projet de budget pour 2010.

Le produit de cette taxe atteindra un pic à 2,5 milliards de livres sterling lors de l'exercice 2013-2014, d'après les estimations du gouvernement.

Près d'un million de Britanniques parmi les plus pauvres cesseront en revanche de payer l'impôt sur le revenu grâce à un relèvement de mille livres du seuil d'imposition.

La taxe sur les entreprises qui dégagent plus de 1,5 milliard de livres sera abaissée d'un point à 27% en 2011, année de départ d'une baisse progressive de cet impôt qui sera abaissé chaque année jusqu'à tomber à 24%.

Les entreprises de taille plus réduite seront quant à elles taxées à hauteur de 20% à partir d'avril 2011, une baisse d'un point.

CROISSANCE EN PÉRIL

Cette annonce a bénéficié aux emprunts d'Etat britanniques, les investisseurs estimant que le plan gouvernemental est de nature à rassurer les agences de notation.

Ces dernières ont prévenu la Grande-Bretagne que son triple A pourrait être menacé si le plan présenté par George Osborne, destiné à réduire un déficit qui s'élève à 11% du PIB, échouait à les convaincre.

L'agence Fitch a jugé que la hausse des taxes conjuguée à une baisse des impôts pourrait renforcer la confiance à l'égard du triple A britannique si la Grande-Bretagne met ce budget en place, soulignant que son ampleur constituait un défi.

Un responsable de S&P a fait savoir de son côté que l'agence étudierait dans le détail le projet de budget qu'il a qualifié de complexe, avant de se prononcer sur la note du pays.

George Osborne a expliqué qu'un peu plus des trois quarts du resserrement budgétaire seraient imputables à des baisses des dépenses publiques et que le reste serait fourni par des taxes.

Les prestations sociales seront visées et les dépenses de la famille royale n'échapperont pas à un contrôle plus strict.

"Lorsque nous disons que nous sommes tous impliqués, nous le pensons vraiment", a déclaré George Osborne.

Certains économistes estiment que la sévérité de l'ajustement budgétaire pourrait mettre en péril la reprise de l'économie britannique qui s'extirpe de sa pire récession depuis la Seconde Guerre mondiale.

"C'est un budget à quitte ou double", a commenté Andrew Smith, économiste de KPMG. "Il fait peser une menace sur la reprise", a-t-il prévenu.

Le président américain Barack Obama a mis en garde ses homologues au G20 contre la tentation de cesser trop tôt de soutenir l'économie.

"Il semble que ce soit un budget plus serré que ce beaucoup anticipaient", a commenté Jonathan Loynes, chef économiste pour la Grande-Bretagne chez Capital Economics.

George Osborne estime de son côté qu'il n'y a pas de temps à perdre même s'il a admis que la croissance serait en baisse cette année et l'année prochaine à cause de ce budget.

L'agence chargée de superviser le budget britannique, mise en place le mois dernier par George Osborne, a abaissé sa prévision de croissance à 1,2% cette année et à 2,3% l'année prochaine alors qu'elle tablait auparavant sur 1,3% et 2,6%.

L'emprunt net dans le secteur public est désormais évalué à 149 milliards de livres, 10,1% du PIB, mais il devrait tomber à 20 milliards de livres, 1,1% du PIB en 2015-2016.

Le déficit structurel, qui n'est pas sujet aux variations du cycle économique, devrait reculer à 0,3% en cinq ans, contre 7,4% cette année.

Nicolas Delame, édité par Gwénaëlle Barzic