« Faut il joindre le camp des ultra-pessimistes, qui anticipent une récession ? ». A cette question rhétorique, Nicolas Chaput, Global CEO et Co-CIO de Oddo BHF Asset Management a répondu : « C’est n’est pas notre pari ». Il est cependant évident pour lui, qu’il y aura encore sur les marchés des soubresauts liés aux évènements politiques, notamment en Europe, avec le Brexit et le populisme.

Brossant un tableau de la conjoncture économique, Laurent Denize, Global Co-CIO du gestionnaire d'actifs, souligne qu'en dépit d'indicateurs de confiance en baisse, l'économie mondiale reste en phase d'expansion, même si elle ralentit. Il rejette le scénario d'une récession aux Etats-Unis au vu d'indicateurs économiques robustes : production industrielle, prêts bancaires au secteur privé…

Autre source d'inquiétude des investisseurs, la Chine, dont la croissance pourrait être amputée de 0,5 point de PIB pendant deux ans si toutes ses exportations étaient taxées. Mais pour Oddo BHF Asset Management, Pékin possède encore des marges de manœuvre, en particulier en termes de réductions des impôts. Elles permettraient de compenser l'impact de la guerre commerciale.

Emmanuel Chapuis, Co-responsable de la gestion fondamentale, a souligné la violence de la correction des marchés action américains en décembre, une baisse de 8% jamais vue depuis les années 30. Selon ses estimations, les marchés actions intègrent désormais une baisse de 9% à 10% des bénéfices, qui signalerait une récession. Il anticipe pour sa part, seulement de nouvelles révisions à la baisse des consensus de résultats. Oddo BHF Securities prévoit ainsi une croissance de 6% des bénéfices par action de l'EuroStoxx et du S&P 500 contre respectivement 10,9% et 10% pour le consensus Bloomberg.

" On va être audacieux en 2019 ", a poursuivi Emmanuel Chapuis, soulignant que " certains secteurs ont capté tous les risques : ralentissement économique, guerre commerciale... ". Trois secteurs sont, selon lui, à favoriser : les équipementiers et les constructeurs automobiles (Michelin), les valeurs technologiques (STMicroelectronics et SAP) et la Santé (Fresenius Medical Care).

La société de gestion est constructive sur le crédit à duration courte et en particulier le high yield européen, dont le spread s'est fortement écarté. Le Vieux Continent bénéficie d'un levier contenu alors qu'il se tend outre-Atlantique. Par ailleurs, il ne note pas au niveau mondial de tension sur les octrois de crédit. Alain Krief, responsable de la gestion taux et crédit, a rappelé que les défauts intervenaient six mois après les périodes de stress. Il recommande cependant d'être sélectif en raison de l'importance dispersion des spread.

Parmi les actifs alternatifs, Oddo BHF AM juge que même si le private equity apparaît cher, il reste des poches d'opportunités attractives comme le private equity secondaire.