par Roberta Rampton et Stephen Brown

BERLIN, 19 juin (Reuters) - Barack Obama a annoncé mercredi son souhait de voir réduits d'un tiers les arsenaux nucléaires par rapport au niveau du traité "New START" conclu avec la Russie, tout en maintenant une dissuasion efficace.

Le président américain, qui s'exprimait à Berlin devant une foule enthousiaste réunie près de la porte de Brandebourg, a estimé qu'il fallait en finir "avec la mentalité de la guerre froide".

"Après un examen approfondi, j'ai estimé que nous pouvons assurer la sécurité de l'Amérique et de nos alliés et maintenir une dissuasion stratégique forte et crédible tout en réduisant d'un tiers nos arsenaux nucléaires stratégiques", a déclaré le chef de la Maison blanche.

"J'ai l'intention de rechercher des réductions négociées avec la Russie pour aller au-delà des mentalités de la guerre froide", a déclaré Barack Obama, qui parlait cinquante ans presque jour pour jour après le célèbre "Ich bin ein Berliner" de John F. Kennedy.

A Saint-Pétersbourg, le président russe Vladimir Poutine, qui s'exprimait peu avant le discours d'Obama à Berlin, a redit les inquiétudes de Moscou face au "bouclier antimissile" des Etats-Unis et de l'Otan, en cours de déploiement.

"Ces armes (antimissiles) sont proches du niveau des armes nucléaires stratégiques en terme de puissance de frappe. Les Etats qui possèdent de telles armes augmentent fortement leur potentiel offensif", a-t-il dit lors d'une réunion sur les questions de défense.

SCEPTICISME RUSSE

Plus tard, lors de la même réunion, le vice-Premier ministre russe, Dmitri Rogozine, a réagi à la proposition de Barack Obama en affirmant que le "bouclier antimissile" était un sérieux obstacle à toute réduction des arsenaux nucléaires.

"Comment peut-on prendre au sérieux l'idée d'une réduction des armes nucléaires stratégiques alors que les Etats-Unis renforcent leurs capacités d'interception de ces armes ?", a déclaré le responsable russe.

Le traité "New START", signé par la Russie et les Etats-Unis à Prague en avril 2010 et entré en vigueur en février 2011, prévoit de limiter d'ici 2018 le nombre d'armes nucléaires à 1.550 pour chacun des deux pays.

Lors de son discours à Berlin, Barack Obama a aussi évoqué les questions environnementales, affirmant que les Etats-Unis devaient faire plus pour lutter contre le changement climatique. "Nos émissions dangereuses de gaz carbonique ont baissé mais nous savons que nous devons faire plus. Et nous ferons plus", a-t-il dit.

Barack Obama doit dévoiler dans les semaines à venir de nouvelles mesures pour combattre le réchauffement climatique.

A propos de la base américaine de Guantanamo, à Cuba, où sont détenus des suspects islamistes, il a redit sa volonté de fermer ce centre de détention très controversé.

FERMER GUANTANAMO

"Même si nous restons vigilants face aux menaces terroristes, nous devons dépasser cette mentalité de guerre permanente et nous allons donc redoubler d'efforts pour fermer la prison de Guantanamo", a promis le président américain.

Le discours à la porte de Brandebourg, symbole pendant près de trois décennies de la division de la ville entre ses sections Est et Ouest, était le point d'orgue de sa visite dans la capitale allemande.

Evoquant le discours de Kennedy il y a cinquante ans, Barack Obama a souligné que les propos tenus par son prédécesseur étaient toujours d'actualité car "il reste en ce siècle des citoyens qui voudraient rejoindre le monde libre".

"Ils en sont là où vous étiez alors. Ils méritent notre soutien car eux aussi, à leur façon, sont des citoyens de Berlin", a-t-il lancé à la foule.

En visite en 1987 à Berlin-Ouest, l'ancien président américain Ronald Reagan avait prononcé son célèbre discours sur le côté Ouest de la porte de Brandebourg : "Monsieur Gorbatchev, abattez ce mur!"

Le 26 juin 1963, en pleine guerre froide, John F. Kennedy, avait, lui, adressé une harangue aux Berlinois du haut du balcon de la mairie de Schöneberg, qui abritait la municipalité de Berlin-Ouest, en lançant son "Ich bin ein Berliner".

En 2008, la chancelière allemande Angela Merkel avait empêché Barack Obama, alors sénateur de l'Illinois, de s'exprimer devant la porte de Brandebourg. Le futur président américain avait en lieu et place prononcé son discours devant 200.000 personnes enthousiastes au Tiergarten, le zoo de Berlin. (Avec Jeff Mason, Alexei Anishchuk, Fredrik Dahl et Timothy Heritage, Danielle Rouquié et Guy Kerivel pour le service français)